vendredi 17 décembre 2010

Huitième et dernier numéro du magasine Babelle


Voilà, c'est officiel : Babelle, le mag', comme Capri, c'est fini! Mais pour vous consoler, on vous invite à consulter en ligne le huitième et donc dernier numéro de Babelle à l'adresse suivante:
http://babelle8.free.fr/Babelle_8.pdf

Et comme toujours, retrouvez l'émission de radio "Babelle" tous les mardis à 19h30 sur RCV, à Lille(rediffusion le vendredi à 17h sur PFM, à Arras)!

mercredi 15 décembre 2010

Chronique ciné 14/12/10 - "Octubre"


L’intrigue tourne autour de Clemente, connu comme étant « le fils du prêteur ». Son métier c’est de prêter de l’argent aux gens qui n’ont pas accès aux crédits bancaires, en leur demandant des intérêts, tout comme une banque. L’histoire se complique lorsqu’un jour , en rentrant chez lui, il découvre dans sa chambre un nourrisson posé dans son couffin. D’où vient le bébé ? est ce qu’il va le garder pour s’en occuper ou est-ce qu’il va préférer s’en débarrasser? c’est ce qu’on va savoir durant le film.

Octubre est un film péruvien, de Daniel et Diego Vega Vidal. Daniel est producteur de publicités à Lima. Diego, lui, avait fait des études supérieures en économie avant d’engager une école de cinéma à Cuba. Il est aujourd’hui scénariste à Lima, de cinéma et de télévision. Ces deux frères signent avec Octubre, notre film d’aujourd’hui, leur entrée dans le monde de la réalisation de long-métrages. Diego comme Daniel pense que ce film est leur « interprétation singulière du cinéma ». Octubre a eu le prix du jury, dans la sélection « un certain regard » à Cannes cette année. Même si mon avis est partagé, je reste persuadée que pour un premier film, être distribué dans plusieurs continents prouve un minimum les qualités de l’œuvre.

Le film tourne donc autour du quotidien de Clemente, une personne solitaire qu’on n’entend presque pas pendant les premières 20 minutes du film. C’est une personne plutôt antipathique, qui passe son temps entre mettre la pression aux mauvais payeurs, payeurs qui ont du mal à s’en sortir avec leurs dettes augmentées de 20% d’intérêts, et aller voir les prostituées du coin presque tous les jours. Lorsqu’il découvre le bébé dans sa chambre, il se doute bien d’où il vient et qui sont ses parents. C’est pour ça que, pour ne pas abandonner la petite fille, pourtant bien mignonne, il engage sa voisine Sophia, la vieille fille catholique pour la garder. Bien qu’il se passe des choses dans le film, Clemente reste très sombre comme personnage, et essaye de communiquer le moins possible.

Les frères Vega Vidal signent une mise en scène soignée, et apparemment très symétrique, avec autant de distance entre une chaise et l’autre par exemple. Daniel, qui travaille l’aspect visuel sur le tournage, veut trouver de la beauté dans chaque plan. Avec un tournage qui se déroule dans des quartiers populaires de Lima, des maisons sales et ruinées, c’est sans doute le fait de dégager des sensations, des sentiments ressentis mais qu’on ne nous dit pas des personnages, que les metteurs en scène voulaient montrer. Face à cette symétrie, c’est à quelqu’un de chaotique dans les idées et les faits qu’on découvre. L’esthétique que le film donne à voir c’est celle de la misère, de l’insécurité et du manque de confort de la vie péruvienne, (comme traces de la violence qui a eu lieu dans le pays durant les années 1980-90). Les acteurs évoluent dans un décor étroit, avec une lumière sombre, assez significative de la vie terne que mènent Clemente et Sophia. Clemente parce que la situation de pouvoir qu’il exerçait sur les gens au début du film va se renverser contrer lui. Et puis Sophia parce que c’est une femme seule, qui rêve de s’installer avec quelqu’un, avoir des occupations liées au foyer familial, alors que Clemente, chez qui elle vit, ne veut pas de ses avances.

Le film est sans doute chargé de connotations liées à la religion, aux rapports Homme/Femme et aux valeurs qu’un être humain peut avoir, ou pas. La référence au mois d’octobre, qui prend le titre du film, se justifie par la citation de la fête du Seigneur des Miracles à Lima… en plus d’être de mois de la révolution russe… Ainsi, la figure du gars sans scrupules, tricheur et indifférent qu’est Clemente s’oppose à celle du Christ, dont on fête les qualités infinies. La fin du film, que je ne vous cacherais pas parce qu’il n’y en a pas vraiment, est peut-être une réponse aux prières répétées de Sophia. Quelque chose de mystique se passe, mais qu’on ne voit pas dans les images. Peut-être que Clemente va enfin comprendre qu’il n’est pas dans la bonne voie ? difficile d’en savoir plus…

Le film, Octubre, était en avant-première hier soir au cinéma le Majestic à Lille en présence des réalisateurs Diego et Daniel Vega Vidal. Vous pourrez le voir à partir du 29 décembre en salles, date de sa sortie nationale (histoire de finir en beauté l’année 2010).

Roukaya Ben Fraj

vendredi 10 décembre 2010

Chronique ciné 30/11/10 - "Outrage"


Dans un monde parallèle à celui des japonais contemporains, vivent les yakuza, équivalent japonais de la mafia. Ce sont des gars bien musclés, avec des tatouages plein le dos, qui ont pour valeurs les plus absolues le pouvoir et l’honneur, mais aussi vengeance et corruption quand il le faut. Le film est un règlement de compte continu entre les hommes du grand parrain qui exécute ou punit quiconque ne respectant pas les règles. Tous sont à la recherche de la bienveillance de sa part, mais semblent prêts à tout pour avoir leur part du gâteau. Les hommes envoyés pour règlement de compte ne sont pas toujours à la hauteur, alors on a parfois le droit à des confrontations entre chefs de clans eux-mêmes, confrontations qui s’avèrent de plus en plus musclées…

Je vous parle d’Outrage, le dernier film de Takeshi Kitano (son 15ème long-métrage). On a surtout découvert son talent avec Hana-bi en 1997( lion d’or à Venise). Avec ce film, Outrage, c’est le grand retour de Kitano aux films de gangsters, avec à la fois une violence bien sanglante et un humour sans pareil. Beat Takeshi comme on le nomme souvent, signait presque un autoportrait avec Achille et la tortue, un film qu’il a réalisé en 2008, et qui parle de la vie bien mystérieuse d’un artiste peintre. Parce que Kitano s’essaye aussi à la peinture. Mais pour revenir à Outrage, c’est le retour de Beat Takeshi, toujours en acteur principal de ses films. Sauf que c’est au gangster infidèle bien bizarre qu’on a à faire, et non plus au peintre bien gentil.

Je parlais de violence dans le film. Eh bien notre réalisateur nippon n’y va pas avec le dos de la cuillère ! Je vous cite Beat Takeshi qui dit lui-même : "Je filme la violence de sorte que le spectateur ressente réellement la douleur. Je n’ai jamais filmé et ne filmerai jamais la violence comme s’il s’agissait d’un vulgaire jeu vidéo." ça au moins, c’est dit ! je vous passe les détails mais le réalisateur donne une nouvelle preuve de l’imagination fertile et des idées cruelles qu’il a, en montrant des scènes de plus en plus violentes, sanglantes des fois, pires d’autres fois. En tout cas, je me suis surprise, et ça ne m’était pas tant arrivé avant, de me cacher les yeux pour ne pas être témoin d’une tuerie en plus. Sans exagérer, je pense qu’il y en a près d’une cinquantaine de personnes qui meurent dans le film, mais jamais de la même façon.

Kitano incarne ici Ôtomo, un gangster qui avait fait le pacte de la fraternité éternelle à son égal de l’autre clan, se retrouve en train de se venger contre lui. Avec son jeu un peu lourd, son visage à moitié paralysé et ses interventions pas très délicates, c’est carrément le Yakuza bizarre de Sonatine, Hana-Bi ou encore d’Aniki mon frère qu’on retrouve à l’écran. L’histoire est assez difficile à suivre vu la complexité hiérarchique des différents clans des yakusas. Mais on n’en est pas moins pris au jeu, grâce à la mise en scène rythmée de ces rapports de force et à l’humour loufoque qui se dégage de certaines séquences. Notons aussi le travail du son particulièrement réussi quant aux scènes de violence, et une musique à la fois sobre et vintage, genre thriller à l’ancienne.

Outrage, notre film de cette semaine est interdit aux moins de 12 ans. Et ça m’a étonné au vu de certaines séquences. Mais c’est vrai qu’à côté des batailles et des meurtres, il y a un humour qui atténue la violence du film, et qui donne un côté burlesque à ces situations et à ces héros qui sont tout sauf des héros. Entre la fascination pour ce monde et la révélation de son absurdité, le réalisateur déjoue les codes du film de gangsters et signe une mise en scène élégante et brutale à la fois.

Ce qui est frappant chez Takeshi Kitano, au fondement de son talent à la fois de scénariste, de réalisateur, de monteur et d’acteur, se trouve dans le fait qu’il puisse passer d’un genre à l’autre dans ses films, tout en gardant une grande cohérence artistique. A voir ce film-ci, on est bien loin de la douceur d’un été de Kikujiro, ou l’émotion d’un Hana-bi. Mais ce n’est pas avec moins d’enthousiasme que j’attends la suite de son œuvre !

Roukaya Ben Fraj

mercredi 8 décembre 2010

Revue de presse 07/12/10 - King Cantona

Je déteste les sportifs. Pas seulement parce qu'ils sont généralement vulgaires et blingbling comme une équipe de France en coupe du monde à Johannesburg. Je les déteste surtout lorsque une poignée d'entre eux se fendent d'une demi-journée de grève et qu'ils sont d'office reçus à l'Élysée, tandis que des millions de Français dans les rues pendant deux mois contre la réforme des retraites ne reçoivent que mépris des hautes sphères de l'État.
Je déteste encore plus les sportifs depuis que, lassée de l'autoritarisme d'un Philippe Val à France Inter, j'ai définitivement quitté ma station préférée (après RCV bien sûr!) pour me coltiner les news de France Info où lesdits sportifs occultent tous les jours un large temps d'antenne que le service public ne préfère pas consacrer aux épineuses questions sociales et politiques...

J'en profite pour faire un petit aparté sur les résultats de l'enquête Médiamétrie septembre-octobre 2010 publiés le mois dernier qui révèlent une baisse de l'audience de France Inter, notamment en Île-de-France... Après moult polémiques concernant la station - Demorand, Porte, Guillon, et autres Gérald Dahan - j'ai cherché dans les médias les commentaires de Val et Jean-Luc Hees sur cette nouvelle... en vain! Après « France Inter, la différence », voici le nouveau slogan de la radio: « France Inter, l'indifférence »!

Bon, je reviens à mes sportifs... J'ai un peu exagéré, en fait, il y a au moins un sportif que j'aime bien et il défraie justement la chronique aujourd'hui: le « king » Éric Cantona!
En effet, outre le fait qu'il fut un très bon buteur – pour ça je ne suis pas la meilleure juge... -, il pourrait devenir désormais un porte-parole pour les anticapitalistes! Le 8 octobre, dans un entretien à Presse Océan, le footballeur déclarait ainsi : « Le système est bâti sur le pouvoir des banques, il doit être battu par les banques! Au lieu qu'il y ait 3 millions de gens dans les rues… ils vont dans les banques et ils retirent leur argent... et les banques s'écroulent... et là, il y a une vraie menace, une révolution! »
Je ne sais pas si Cantona himself s'attendait à un tel buzz suite à ces déclarations, mais il n'empêche que depuis le 8 octobre, la vidéo a été visionnée par des milliers d'internautes qui l'ont repris à leur sauce, en appelant (notamment via le site www.bankrun2010.com) à un mouvement international aujourd'hui, mardi 7 décembre. A cette heure, j'ignore encore quelle a été la mobilisation, mais 34 000 personnes s'étaient déjà engagés sur Facebook hier à retirer leurs petits sous! Quant à Cantona, il devait officiellement retirer au moins 1500€ aujourd'hui (1).
Aux dernières nouvelles de l'AFP en tout cas, des membres du collectif "Sauvons les riches", déguisés en bagnards, ont vidé leurs comptes ce matin dans une agence Société Générale à Paris avant de déposer les espèces retirées au Crédit Coopératif, une banque jugée plus "éthiquement correcte". « Nous voulons lancer un mouvement pour que les gens retirent leur argent des banques malhonnêtes et le mettent dans des « bonnes » banques, des banques qui financent des projets locaux, plutôt que du nucléaire par exemple », ont ainsi déclaré les militants aux journalistes.
Dans cette histoire, ce qui est rigolo aussi c'est que le footeux s'est non seulement attiré les foudres de Christine Lagarde, Roselyne Bachelot et François Baroin, mais aussi celles du soi-disant gauchiste Mélenchon et de Nathalie Arthaud de FO! Wahoo, Cantona, quel bûûûûût!

Et si on lui décernait le prix de la personnalité culturelle de l'année à Cantona? Ben quoi? Ce ne serait pas plus stupide que les huit nominés que Radio France – encore elle!- a choisi pour le prix qu'elle doit remettre ce soir...
Et les nominés sont... Karl Lagarfeld, Michel Houellebecq, Jean Nouvel, Laurent Le Bon, Angelin Preljocaj, Pierre Bergé, Raymond Depardon et Jean-Jacques Aillagon ! Vous ne remarquez rien? Ah si : aucune femme n'est pressentie comme personnalité culturelle de l'année! C'est le quotidien Libération qui le note, dans un article du 6 décembre, à l'instar de l'association féministe La Barbe, laquelle appelle ce soir à un large rassemblement devant la Maison de Radio France pour « féliciter le service public » de son sexisme et célébrer «son viril lauréat 2010»...
Et le journal de se gausser également de cette nomination organisée dans le cadre d’une étude intitulée «la création artistique, levier d’innovation pour le développement durable?» Visiblement, en effet, « l'innovation culturelle » selon Radio France est avant tout le fait d'hommes proches des 60-70 ans !
Pour ma part, même si je ne veux pas tomber dans le jeunisme et si j'ai un profond respect pour le boulot de Depardon, je tombe un peu des nues aussi!
Du coup, j'ai essayé de décortiquer un peu...
Karl Lagarfeld ? Ben ouai, c'est vrai que cette année il a relooké une bouteille de coca light à son effigie... Si c'est pas de l'innovation culturelle ça? Et puis « light » attention! On est dans le milieu de la mode quand même !
Et Pierre Bergé? Ah... Pierre Bergé... Chez Pierre Bergé, le caviar est à la culture ce que la madeleine de Proust est à la littérature (2)... Même si, depuis qu'il a pris le contrôle du groupe avec Xavier Niel et Matthieu Pigasse, les journalistes du Monde, eux, se contenteront des œufs de lump...
Jean-Jacques Aillagon? Si ma mémoire est bonne, c'était le ministre de la Culture qui a suscité l'ire des intermittents du spectacle en 2003... ça mérite bien un petit satisfecit... J'avoue que pour 2010, je ne sais pas trop, à part qu'il est président du domaine de Versailles...
Pour les autres, je n'ai rien à rajouter, si ce n'est que l'architecte Nouvel, l'écrivain Houellebecq, le photographe Depardon, le chorégraphe Preljocaj et le directeur du centre Pompidou de Metz ont déjà fait leurs preuves... et que j'aurais aimé découvrir, avec ce prix, de nouveaux auteurs, plasticiens, compositeurs, comédiens et autres artistes prometteurs, parce que, pour moi, c'est ça aussi le rôle du service public...
D'ici là, comme je suis heureuse de chroniquer librement sur une radio associative plutôt que servilement sur une radio publique, je conclurais ma chronique aussi surréalistement que j'en ai envie avec une autre citation du king Cantona:
« When the seagulls... follow the trawler, it's because they think... sardines will be thrown in to the sea ». Thank you.

Zoé Busca

(1) Je n'ai pas dit non plus que Cantona était anticapitaliste... N'oublions pas qu'il a quand même gagné beaucoup d'argent en tournant des pubs pour Nike notamment... (d'ailleurs, aux dernières nouvelles, il n'aurait finalement rien retiré ce mardi!)

(2) On dirait un alexandrin, non?!

jeudi 2 décembre 2010

Revue de presse 30/11/10 - Vivement 2020?

Pour commencer, un peu de copinage, puisque je vous invite à la lecture du dernier numéro de nos camarades de La Brique, en kiosque depuis deux semaines. Ce n'est pas nouveau, je fais toujours plus ou moins allusion au journal « d'infos et d'enquêtes de Lille et d'ailleurs » à chacune de ses parutions. Mais cette semaine, j'avais envie de leur décerner une petite mention spéciale pour les efforts qu'ils ont fournis en terme de lisibilité! Bravo les Briqueux! J'ai réussi pour la première fois à lire votre canard sans loucher!
Fanzine or not fanzine, telle est souvent la question des publications indépendantes, mais là, je vous remercie d'avoir abandonné le montage à la machette... Machette qu'on préfèrerait réserver aux fafs nationalistes de la Maison Flamande à Lambersart – Vlaams Huis pour les intimes – auxquels vous consacrez un article édifiant. Intitulé « Une taupe chez les fachos », il s'agit de l'interview de Gaston, un jeune gars qui, de matchs de foot en matchs de foot, a fini par se faire introduire à la Maison Flamande. Un endroit qu'il décrit peuplé de poujadistes, royalistes, racistes, séparatistes flamands, hitléristes, et autres sympathiques terminaisons en iste... Derrière le discours officiel de défense du folklore flamand, on se doutait bien que la Maison Flamande était un repaire de l'extrême-droite xénophobe, mais cet article a le mérite d'éclairer de l'intérieur quelques détails – que M. Lepen qualifierait sans doute « de l'Histoire » -, comme la présence dans la bibliothèque de la Vlaams Huis de quatre exemplaires de Mein Kampf...
À lire également dans cette nouvelle Brique: un dossier sur l'aménagement du quartier Fives à Lille (avec la volonté affichée d'en chasser les plus pauvres), une interview de la rappeuse Casey ou encore le portrait d'un ancien SDF...

Sans transition aucune, je passe à l'environnement avec la conférence de Cancùn au Mexique, qui réunit jusqu'au 10 décembre 190 pays autour de la lutte contre le réchauffement climatique.
Après l'amère déception de Copenhague l'an dernier, l'association Greenpeace veut croire qu'on peut encore sauver le climat à Cancùn. Dans un communiqué du 26 novembre, l'ONG pose comme condition que chaque Etat commence par se défaire du principe selon lequel « il n'y a d'accord sur rien, tant qu'il n'y a pas d'axcord sur tout » (pour mémoire, c'est un peu ce qui s'est passé à Copenhague). D'autre part, Greenpeace invite les pays participants à ne plus attendre après les étasuniens toujours à la traîne pour prendre les rennes d'un processus international ambitieux. Enfin, l'ONG note des évolutions encourageantes du côté des pays émergents: la Chine devenant chef de file des technologies vertes, le Brésil en avance sur ses objectifs de réduction de la déforestation, des politiques énergétiques ambitieuses en Inde...
Toutefois, ces beaux espoirs semblent encore bien dérisoires... Rien que la comparaison des chiffres entre les conférences de Copenhague et de Cancùn montre le peu de cas que font aujourd'hui les Etats de cette question primordiale. Le magazine Terra éco nous liste ainsi: 126 chefs d'Etat à Copenhague pour 20 attendus à Cancùn, 10 500 délégués à Copenhague pour 6 000 attendus à Cancùn, 20 000 membres d'ONG accrédités à Copenhague pour 6 000 attendus à Cancùn...
Dans une analyse publiée sur Médiapart, Jade Lingaard, quant à elle, nous donne une vision pour le moins pessimiste des négociations internationales. Déjà, la victoire des Républicains aux élections de mi-mandat aux états-Unis occulte désormais toute perspective d'une loi carbone dans le pays d'ici la fin du mandat d'Obama. Quant aux pays d'Amérique du sud, ils refusent de signer les accords de Copenhague... Au-delà, c'est un échec mondial plus général que constate l'auteure: si tous les pays respectaient leurs engagements de Copenhague (ce qui est déjà peu probable), il y aurait encore 5 milliards de tonnes d'équivalent CO2 de trop dans l'air! Alors que le réchauffement doit être impérativement limité à 2°C d'ici 2020 pour éviter des bouleversements irréversibles, on s'oriente plutôt vers les 3°C...
ça vous fait peur? Tant mieux! Vous réfléchirez peut-être à deux fois avant de commander un 4X4 à Noël!
Et puis, comme j'ai décidé de vous saper le moral aujourd'hui, je voudrais à présent me recueillir à la mémoire de futur feu Le Thon Rouge... Ainsi, à l'issue de la réunion de l'ICAT (commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique), le quota de pêche au thon rouge a été porté – à la grande joie des thoniers industriels - à 12 900 tonnes pour 2011, un « résultat déplorable » pour Greenpeace, dans la mesure où ce chiffre ne laisse au stock que 30% de chance de se reconstituer d'ici 2020.
Décidément, tant que l'économie capitaliste réfléchira à court terme, d'ici 2020, le climat et les poissons ont bien du sushi à se faire!

jeudi 25 novembre 2010

Chronique ciné 23/11/10 - "No et moi"


C’est l’histoire d’une adolescente parisienne surdouée qui a un exposé à faire au lycée. Elle choisit alors de s’intéresser à Nora, qui préfère qu’on l’appelle No, une jeune SDF de 19 ans. C’est là que commence une histoire d’amitié entre les deux jeunes femmes, qui mêlera la famille, quand il y en a, et les amis .

No et moi est un film de Zabou Breitman qu’on a notamment connu pour je l’aimais, il y a deux ans bientôt, un film avec Daniel Auteuil. Et puis l’homme de sa vie, une comédie dramatique qui date de 2006. Se souvenir des belles choses était sa première expérience derrière la caméra. Zabou a commencé à jouer dans des films au départ grâce à son père dès les années 1980. On l’a surtout vue dans des comédies et des drames à la française le plus souvent. No et moi, notre film d’aujourd’hui est donc le quatrième long-métrage qu’elle réalise. Elle y incarne le rôle de la mère dépressive.

Cette semaine j’ai choisi de ne pas vous donner mon avis sur le film, mais de me pencher sur des articles et revues de presse, pour voir ce qu’on en dit de No et moi.

C’est pas moi qui le dis, mais le site où l’on trouve des critiques de films sur Internet Critikat.com. L’exercice que fait Zabou Breitman dans ce film, à retranscrire la situation de SDF à Paris a échoué, non pas parce que le sujet est mal choisi, bien au contraire. Mais parce que la réalisatrice l’aurait trop rendu scolaire avec ses séquences un peu trop découpées… C’est vrai que dans le film il y a parfois des chutes dans les choix de mise en scène, qui laissent penser que l’auteure ne maitrise pas encore tout à fait la machine !

C’est le quotidien le parisien qui bat les records en mentionnant que ce film est « pas-sion-nant », dans les espèces de labels ou étoiles qu’on trouve maintenant sur les affiches et magazines, pour certifier les qualités d’un film. A la sortie de No et moi, dans un article du parisien, on site les qualités du film. Au moment où le critique Pierre Vavasseur parle du roman de Delphine de Vigan dont le film a été adapté, il en profite pour dire que le plus du film par rapport au roman c’est la « pure réussite portée par un remarquable éventail d’acteurs ». Sans vouloir décevoir les spectateurs qui comptent aller voir No et moi, ne vous attendez pas à la meilleure performance que vous n’ayez jamais vue. Avec des blancs dans les dialogues, ou des répliques tournée un peu trop vite fait dans des moments clés de l’histoire du film, je me suis personnellement retrouvée devant un jeu décevant. C’est comme si Zabou Breitman ne savait pas quoi faire de ses acteurs à tel ou tel moment. Passons !

Selon 20 minutes, « Par-delà la chronique sociale, la cinéaste livre une réflexion sur l'amour maternel et la solidarité. » Non, sérieux, on en voit de l’amour maternel ! Avec une mère dépressive incarnée par Zabou Breitman elle-même, qui passe ses journées devant la télé à regarder des documentaires sur les poissons multicolores, on le ressent cet amour envers sa fille qui a besoin de son soutien. En ce qui concerne la solidarité, c’est vrai que le film porte sur une petite bourgeoise parisienne qui a envie d’attirer l’attention sur elle en faisant quelque chose de différent. S’intéresser à une SDF lui a permis aussi d’attirer l’attention de Lucas, le garçon dont elle est amoureuse, qui sera porté par l’initiative et ira jusqu’à la loger chez lui. Parce que lui, bien qu’il n’a que 14 ou 15 ans, il vit seul dans un appartement parisien d’au moins 200m2 à lui tout seul ! enfin bref. Mais en parlant de chronique sociale, Breitman disait dans une interview accordée à 20 minutes, et je ne fais que paraphraser son propos : elle estime que son travail est fait si le spectateur, sorti de salle après avoir vu son film, sourit à un SDF en en voyant. C’est sûr que je vais lui sourire si on m’a appris dans le film qu’un SDF sera toujours aussi perdu que mal éduqué, même si on lui donne l’aide dont il a besoin !

Je ne vous en parle pas pour dire du mal du film mais… Zabou Breitman confie dans son interview donnée à la Voix du Nord que pour elle il y a deux trucs fabuleux dans la vie : « voir des films et faire la cuisine ». Et bien peut-être qu’elle a confondu les des deux ?!Hein Zabou, non, il ne faut plus regarder des films en faisant la cuisine !

Roukaya Ben Fraj

mercredi 17 novembre 2010

Revue de presse 16/11/10 - Tout va changer !

Youpi, ça y est! Après deux mois de mouvements sociaux, la révolution est en marche!!! Tout va enfin changer! C'est même pas moi qui le dis, c'est notre subversive bien aimée et toujours ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, Christine Lagarde! En effet, depuis lundi nous voilà, dixit la Passionara de Bercy, dotés d'un gouvernement « totalement révolutionnaire »!
Parmi les mesures trotsko-léninistes, que dis-je, quasiment guevaristes, de ce remaniement ministériel, je relève notamment avec stupeur le choix particulièrement osé du nouveau Premier Ministre! Viva el gérillero Fillon!! Quelle marque de courage également que cette reconduite aux mêmes postes de l'ultra-gaucho Hortefeux, des ultra-pédago Valérie Pécresse et Luc Chatel ou de l'ultra-écolo Bruno Le Maire... (ministre de la pêche, grand défenseur du thon rouge s'il en est!)
Tout va changer vous dis-je... Rendez-vous compte, il y a même des ministres qui ont changé de porte-feuille! Non, non, sans blague! Roselyne Bachelot, Morano, Michel Alliot-Marie, Eric Besson, Michel Mercier et autres Laurent Wauquiez... Tous des Rosa Luxembourg du nouveau gouvernement!
Bon d'accord, on perd quelques-uns de nos préférés comme l'incorruptible Eric Woerth, et les amis de la diversité que sont Devedjian, Daubresse et Estrosi... Mais c'est pour retrouver d'autres grands révolutionnaires comme Alain Juppé à la Défense et Xavier Bertrand au Travail! Sans compter le nec plus ultra-gaucho Thierry Mariani aux Transports, celui-là même qui préconisait des tests ADN aux candidats à l'immigration...

Enfin, le meilleur pour la fin, juché en haut des barricades, le poing fièrement dressé vers le ciel, voici enfin parvenu au gouvernement le beau, l'unique, le grand, le joliment coiffé, Frédéric Lefebvre au Commerce, à l'Artisanat, aux PME, au Tourisme, aux Services, aux Professions libérales et à la Consommation (rien que ça!)...
Avec celui-là, on a encore tiré un bon p'tit numéro. Aux fanatiques des remakes, je ne peux ainsi que conseiller un article du Monde du 15 novembre, qui nous rappelle par le menu quelques-unes des plus mémorables « lefebvreries » de ces trois dernières années.
On a par exemple le Frédéric Lefebvre à la pointe des nouvelles technologies: "L'absence de régulation du Net provoque chaque jour des victimes ! Combien faudra-t-il de jeunes filles violées pour que les autorités réagissent ? Combien faudra-t-il de morts suite à l'absorption de faux médicaments ? Combien faudra-t-il d'adolescents manipulés ? Combien faudra-t-il de bombes artisanales explosant aux quatre coins du monde ?"
ou encore le Frédéric Lefebvre résistant: "Ceux qui confondent délation et dénonciation, je les invite à regarder le dictionnaire. […] Si la délation est condamnable car se faisant au détriment de gens honnêtes, la dénonciation est un devoir républicain prévu dans la loi et permettant de lutter contre les délinquants"
Le Frédéric Lefebvre Pourfendeur : "Vous avez raison de soulever la question des étrangers, c'est un problème majeur dans notre pays […]. La délinquance, chacun sait qu'il y a des liens avec l'immigration, c'est souvent pas correct de le dire, mais chacun le sait."
Le Frédéric Lefebvre Médecin: Quelques semaines après avoir dû retirer son amendement visant à rendre possible le travail des salariés pendant les arrêts-maladie, la "boîte à idées" de l'UMP revient à la charge : "Il y a beaucoup de Français, y compris en longue maladie, qui ont besoin du travail pour guérir"

Question environnement aussi, tout va changer puisque revoilà NKM au ministère de l'écologie! Sans ironie, je me réjouirais plutôt du retour de cette spécialiste du dossier, sauf que son porte-feuille ministériel semble s'être vidé de quelques billets verts... Le Ministère perd ainsi la compétence de l'énergie qui passe aux mains de l'économie. Selon Anne Bringault des Amis de la Terre, citée par le Libération du 15 novembre, «la reprise en main de ce secteur par Bercy laisse présager une relance décomplexée de la production avec davantage de nucléaire et d’énergies fossiles, satisfaisant de grands lobbies aux dépends de l’intérêt des citoyens». Dans l’élan du Pacte écologique de Hulot et du Grenelle, la création de ce portefeuille géant était censé montrer le caractère prioritaire et transversal de l’environnement. D’où l’amertume des associations de l’environnement. «Que l’énergie échappe à l’Ecologie pour rejoindre le giron de Bercy est très inquiétant concernant la capacité de la France à tenir ses objectifs de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre et de développement des renouvelables», a réagi Pascal Husting, président de Greenpeace France.
Selon le quotidien, les associations s'inquiètent aussi de la disparition de la Mer de l’intitulé du ministère.
Dans ce même article, « Ce que révèlent les intitulés des ministères », le quotidien décortique également la suppression du ministère de l'identité nationale, rattaché à l’Intérieur d’Hortefeux. Plusieurs associations soupçonnent ainsi un trompe-l'œil avec un ministère «simplement rebaptisé», selon le Cran (association noires).
Mais ne nous y trompons pas, tous ces changements gouvernementaux n'en restent pas moins « révolutionnaires »...

Zoé Busca

mardi 9 novembre 2010

Revue de presse 09/11/10 - J'ai mal aux médias

Ouille, aïe! Oh là là... Mais qu'est-ce que j'ai mal aux médias aujourd'hui!
Peut-être parce que le Canard enchaîné de la semaine dernière c'était la révélation de trop qui fait déborder le kiosque à journaux... Dans un article intitulé « Sarko supervise l'espionnage des journalistes », l'hebdomadaire nous apprend en effet que le chef de l'État commanditerait personnellement la surveillance rapprochée de tout journaliste se livrant à une enquête gênante pour lui ou les siens. Selon des collaborateurs anonymes de Bernard Squarcini, le patron de la Direction Centrale du Renseignement Intérieur, un groupe composé d'anciens RG, aurait même été monté spécifiquement à cet effet. Leur mission prioritaire: déterminer les informateurs des dangereux scribouillards... pour cela, nous dit le Canard, « ces braves gens se procurent les factures détaillées du poste fixe et du portable du journaliste à espionner. » Ce qui signifie également la complicité douteuse des opérateurs de téléphonie...
Certes, ces informations sont anonymes, il n'empêche qu'elles tombent à point pour souligner le climat délétère sévissant actuellement au sein de la presse française.
Après l'affaire des écoutes illégales du Monde, le mois d'octobre a ainsi été marqué par les surprenants cambriolages des bureaux et domiciles de plusieurs journalistes en charge de l'affaire Bettencourt au Monde, au Point et à Médiapart, avec notamment la disparition d'un disque dur contenant toutes les archives du site Médiapart ainsi que les deux CD-Roms de leurs enregistrements de l'ancien majordome de Liliane Bettencourt.
Et que répond Nicolas Sarkozy, interrogé le 29 octobre à Bruxelles à propos de cette triple coïncidence? « Je ne vois pas en quoi cela me concerne ».
Incroyable! Non seulement, il se fiche comme de sa première Rolex d'être le garant de la liberté d'information en France, mais en plus, il ne se donne même pas la peine de démentir sa possible implication dans ces violations du secrets des sources! Et il y en a encore qui s'offusquent que Sarkozy n'ait pas abordé la question des droits de l'homme et du prix Nobel de la paix avec le président chinois Hu Jintao? Encore heureux! Il aurait pu lui demander des conseils sur la répression des médias!
Pourtant, le 4 janvier dernier, une loi a été votée, sous l'impulsion du même Sarkozy, pour garantir au mieux la protection des sources des journalistes, sauf dans le cas d’«impératif prépondérant d’intérêt public». Or, selon Christophe Bigot, avocat et spécialiste dans le droit des médias, interrogé le 27 octobre par Libération, cette exception ne devait s'appliquer que pour les affaires de terrorisme ou quand la santé des personnes était en jeu. Remarquez, c'est vrai que ce que contiennent les ordinateurs de Médiapart, du Point et du Monde sur l'affaire Bettencourt fait l'effet d'une bombe sur la clique présidentielle... et j'espère bien que ça nuit un peu à leur santé politique!
La conséquence perverse de cet espionnage d'État, selon Christophe Bigot, c'est qu'il dissuade les informateurs des journalistes de témoigner : « sans secret des sources, pas de source. Et sans source, pas d’information. Aujourd’hui, toute personne s’adressant à un journaliste qui traite de l’affaire Bettencourt se dit que son numéro peut se retrouver dans une fadette qui atterrira sur le bureau d’un juge… On coupe le robinet à informations. »
Enfin, tout cela ne concerne que les vilains petits canards... Heureusement, qu'on a toujours les bons petits soldats du journalisme au service de l'Élysée!
C'est le Canard enchaîné encore une fois, qui s'étonne : « C'est tout de même curieux, cette manière de vouloir mal faire à tout prix chez nos patrons de l'audiovisuel public. Non seulement, depuis qu'ils sont nommés par le locataire de l'Elysée, le soupçon pèse sur la moindre de leur décision. Mais en plus, ils font exactement ce qu'il faut pour le renforcer chaque fois qu'ils en prennent une »
L'hebdo satirique revient ainsi sur le choix de Rémi Pfimlin d'un nouveau chef du service politique à France 2 en prévision des élections de 2012 et d'un nouveau directeur des programmes à France 3. Le premier, Fabien Namias, a été débauché de chez Europe1, la radio de Lagardère, le « frère » du président, tandis que le second, Pierre Sled, est un ami de Frédéric Lefebvre et une des personnes consultées par Claude Guéant au moment de choisir le remplaçant de Carolis... « Au rendez-vous des bons copains, y'avait pas souvent de lapin... »
Le Canard nous rappelle également l'éviction expresse la semaine dernière du pourtant peu subversif humoriste Gérald Dahan, licencié par le Valesque patron d'Inter deux jours après une chronique dérangeante sur Michèle Alliot-Marie et Sarkozy. Mais là, pour ma part, je suis persuadée que ce jeu des chaises musicales des humoristes à France Inter est une manœuvre du gauchiste Philippe Val pour nous faire comprendre quelque chose. Après tout, l'ancien rédac' chef de Charlie est un grand partisan des caricatures, non? Comment? Vous croyez vraiment que c'est juste parce qu'il a retourné sa veste? A moins que ce ne soit son pantalon, comme qui dirait...
Dans la série « les comiques dans les médias »... J'en ai une bonne à vous raconter... Appelez ça « bidonnage » ou « bidouillage », au choix... L'histoire remonte à début octobre. C'est l'histoire d'un mec... il se dit journaliste. Un jour, il décide de faire un reportage pour le Point sur la polygamie en banlieue. Me demandez pas comment il a choisi le sujet, je vous répondrais que c'est dans la même lignée que « à poil sous le niqab » par exemple, ou « chômeur, drogué et consanguin au coeur du bassin minier », ou encore « femme-rom-qui-fait-la-manche-avec-un-enfant-drogué-dans-les-bars-et-que-le-mari-vient-chercher-en-Mercedes ».
Bref, son article s'intitule « Un mari, trois femmes » et il est basé sur le témoignage d'une femmes en question, Bintou, décrite comme «une jeune femme au joli visage légèrement scarifié de chaque côté des yeux», parlant «un français approximatif» et dont le fils aîné est délinquant juvénile. Sauf que... le journaliste n'a jamais rencontré Bintou! Et pour cause! Bintou, en fait, c'est Abdel, un jeune gars de banlieue qui refile des tuyaux aux journalistes. Lassé de tous les clichés sur la banlieue véhiculés par les médias, Abdel s'est filmé au téléphone avec le Point, se faisant passer pour une femme africaine. Publiée sur le site d'Arrêt sur images, la vidéo démontre le manque de fiabilité d'un journalisme-poubelle pétri de ses préjugés les plus détestables!
Mais ne vous méprenez pas, si je vous raconte tout ça, ce n'est pas pour vous dégouter des médias, bien au contraire! Si je consacre cette longue chronique au sujet, c'est parce qu'il est urgent selon moi que les citoyens se réapproprient ces précieux outils de démocratie que sont les journaux! A défaut de solutions toutes prêtes, je vous invite au moins à réfléchir à ces questions déontologiques avec le seul, unique et interminable article du dernier numéro du Tigre: « Pourquoi faire un journal? »
Et puis, je profite également de la sortie d'un nouveau numéro de la Brique pour citer un embryon de réponse de nos confrères: « Un média, comme son nom l’indique, est pour nous un moyen d’énoncer et de dénoncer ce qui se passe au delà de nos cercles restreints. Y arrive t-on ? La question reste ouverte et on ne s’estimera jamais satisfait-es. Mais si on avance à tâtons, on ne lâche rien, et on persiste à vouloir faire un outil parmi d’autres pour décrypter ce que les puissants s’acharnent à dissimuler. Rendre visible pour débattre, se rencontrer, volontiers critiquer, ou, pire, témérairement polémiquer. Et pourquoi pas, un jour, un soir, une après midi ou un matin, passer ensemble à autre chose. »

mercredi 27 octobre 2010

Revue de presse 26/10/10 - Ne lâchez rien !

Une revue de presse? Aujourd'hui? Vous rigolez? Mais je suis en grève moi, m'ssieurs, dames! C'est que cette semaine elle va réussir à passer la fichue réforme des retraites! Alors c'est pas le moment de lâcher la pression! Même si elle passe d'ailleurs... comme nous le rappelle Politis dans son édition de cette semaine, la loi sur le CPE avait bien été votée au Parlement, puis promulguée par le Président de la République et pourtant, face à l'ampleur du mouvement, Chirac, Villepin and co ont fini par pondre une nouvelle loi... pour sa suppression! Pourquoi, se demande l'hebdomadaire, n'obtiendrions-nous pas après tout une future loi... pour la retraite à 60 ans?!
Alors voilà, je suis en grève et tout ce que j'ai à vous proposer c'est dix minutes de silence. Au pire, les auditeurs débarquant en cours de chronique croiront que nous nous recueillons en mémoire du regretté Georges Frêche! Quelques minutes de silence ne lui auraient d'ailleurs certainement pas fait de mal quelques fois dans sa carrière politique à celui-là... (j'dis ça, j'dis rien, après tout, je ne suis ni harki, ni joueuse noire dans l'équipe de France, encore moins fabiusienne, quoique « pas très catholique » non plus!)
Quoi qu'il en soit, je me tais maintenant.
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Ok, ok... en fait, je vais avoir du mal à me taire alors qu'il y a encore plein de dessous hallucinants dans cette affaire des retraites ! A commencer par une nouvelle info puisée dans Politis (toujours) sur Sarkozy. Le Président? Non! Le frère! Guillaume de son petit nom. Figurez-vous que ledit Guillaume, ex vice-président du Medef est aujourd'hui patron du groupe Malakoff Médéric, qui propose justement des produits de retraites par capitalisation. Ben tiens! Encore plus drôle, il est en cours de créer une autre société d'assurance dédiée à « la création, la gestion, la distribution de produits de retraite complémentaire par capitalisation[...] Avec à la clé un pactole estimé à plus d'un demi-milliard d'euros dans dix ans »... « Un frère fait les lois, l'autre en profite », dénonce Politis. Chez les Sarkozy, dans les gènes, y a pas d'plaisir!

Bon, ça c'était pour l'anecdote – on n'en est plus à un avantage près pour les amis de l'Élysée... -, passons au fond maintenant, avec un long édito d'Edwy Plenel publié le 21 octobre sur Mediapart qui recentre très justement le débat sur la question de l'emploi. « Comment, s'interroge Edwy Plenel, en est-on venu à imposer à tout un pays de débattre d'un futur incertain – le fameux « trou » des retraites – sans aucunement discuter d'un présent évident – le chômage et la crise ? » Alors que la France bat des records européens de non-emploi des moins de 25 ans et qu'un actif sur six est actuellement inscrit à Pôle Emploi, l'éditorialiste nous rappelle que ce sont pourtant les emplois qui font les retraites et les actifs qui financent les pensions. Alors, Papi, tu veux toujours me voler mon boulot jusqu'à 63 ans?

Je dois l'avouer, en septembre, j'étais plutôt pessimiste quant aux chances du mouvement social à faire plier le gouvernement sur les retraites. Mais ça, c'était avant que les lycéens et les étudiants s'en mêlent -allez les jeunes!- et surtout avant la pénurie de pétrole qui fait trembler les hautes sphères du pouvoir... Il faut dire que, selon un article publié la semaine dernière sur le site du magazine TerraEco, la France n'a pas connu une telle situation depuis... mai 68! En effet, même si au dernières nouvelles tous les dépôts ont été réouverts (plus ou moins par la force), ainsi que trois des douze raffineries françaises, l'approvisionnement des stations est encore sévèrement compromis tant que neuf irréductibles raffineries résistent encore et que les terminaux pétroliers de Marseille sont bloqués.
Tout comme l'auteur de l'article, je regrette que cette crise révèle notre dépendance au pétrole, mais je dois admettre qu'en tout cas, c'est diablement efficace! Sans compter qu'avec en prime un trafic autoroutier en baisse d’environ 10 % autour de Paris par exemple, il fait bon respirer ces temps-ci!

D'ailleurs, de nombreux citoyens ne s'y sont pas trompés : les « raffineux » sont un sacré levier pour la contestation! C'est pourquoi, une mobilisation solidaire s'organise pour soutenir financièrement les grévistes des douze raffineries de l'Hexagone. Selon Mediapart en effet, les syndicats des raffineries voient affluer ces jours-ci des dons de particuliers allant jusqu'à un millier d'euros. Un site, Solidaires pour une grève efficace, a même été lancé pour fournir informations, liens et adresses à ceux qui veulent donner aux grévistes des raffineries, mais aussi aux autres (routiers, postiers, etc.). Pour ma part, je me contenterais d'une seule adresse, celle du syndicat Sud Chimie :
Sud Chimie Pharma - 6, rue Louis Blanc - 76100 ROUEN.

Voilà, tout le monde sait ce qu'il lui reste à faire... alors je vous dis rendez-vous jeudi à la manif et, pour reprendre Philippe Colin, « surtout, ne lâchez rien! »

mercredi 13 octobre 2010

Revue de presse 12/10/10 - Bonnes nouvelles


« Éric Woerth, si tu savais, ta réforme, ta réforme, Éric Woerth, si tu savais, ta réforme où on s'la met... » Oh et puis merde, non, pas de sujets polémiques aujourd'hui ! D'ailleurs, ce 12 octobre, je ne suis même pas allée à la manif'... Non que j'aie changé d'avis sur la question, ni que je veuille renvoyer mes grands-parents au turbin, ni même que je ne soutienne pas les grèves reconductibles (d'ailleurs, si j'en avais, moi, du boulot, je la ferais avec plaisir cette grève reconductible!), mais tout ça pour qu'on nous dise encore, après quatre énormes cortèges en un mois, que nous n'étions que 900 000 au lieu de 3,5 millions... À quoi bon ?
Pas de sujet polémique donc ? Mais de quoi vais-je parler alors ? Ben de bonnes nouvelles, tiens! Ça nous changera un peu...

Pour commencer, il paraît que quelque 80 députés UMP réclameraient la suppression du bouclier fiscal. Youpi ! Pardon ? J'ai parlé trop vite... Le site Mediapart dans son édition du 7 octobre nous signale que les 80 députés en question réclament la suppression du bouclier fiscal... ET de l'impôt sur la fortune! « Alors que tout le pays est en colère contre les plans d'austérité imposés aux salariés, jusqu'aux plus modestes, un nouveau et colossal cadeau fiscal est en gestation pour les plus riches », dénonce le quotidien, qui nous renvoie à un communiqué du Syndicat national unifié des impôts montrant que la suppression du bouclier fiscal ferait perdre aux contribuables les plus riches un cadeau de 679 millions d'euros (évaluation 2010), mais que la suppression de l'ISF leur ferait gagner... 3,4 milliards d'euros!
Bon ben c'était pas une bonne nouvelle finalement...

Désolée... Je vais faire un effort alors... et revenir sur l'attribution du prix Nobel de la paix avec un autre article de Mediapart intitulé « Qui connait Liu Xiaobo? ». Réalisé le jour de l'attribution devant le domicile du dissident chinois emprisonné (domicile où sa femme est depuis assignée à résidence), le reportage montre que peu de citoyens chinois connaissaient déjà Liu Xiaobo, encore moins ses revendications pour un véritable État de droit. Cela dit, cette attribution est quand même un signe fort de la communauté internationale, un tant soit peu porteur d'espoir. « Je pense que Liu Xiaobo va devenir un héros pour les Chinois et que sa peine sera réduite ou qu'au moins ses conditions carcérales vont être améliorées», confie ainsi le professeur d'économie Xia Yelong. Pour Mo Shaoping, son avocat, « donner le prix à Liu Xiaobo signifie que la communauté internationale mais aussi l'institution du prix Nobel reconnaissent et valident les théories de Liu Xiaobo en faveur des réformes. Car, rappelons-le, Liu Xiaobo demande qu'on utilise la paix, la raison et la non-violence pour parvenir à un Etat de droit, un Etat démocratique. Il y a évidemment différentes opinions sur la manière d'accomplir cette transition politique. Certaines personnes pensent à la violence. Pas Liu Xiaobo.»

Plus localement, la sénatrice Verte Marie-Christine Blandin est heureuse de nous annoncer l'annulation le 7 octobre de l'autorisation de construction de l'incinérateur Flamoval par le tribunal administratif de Lille. L'information, publiée par LibéLille, n'est pas encore officielle, mais le recommandé serait déjà parti du tribunal. Prévu à Arques, près de Saint-Omer, l'incinérateur, qui doit brûler 92 500 tonnes de déchets chaque année, est décrié par de nombreux riverains, des écologistes qui dénoncent des émissions considérables de gaz à effet de serre, des médecins qui incriminent les pollutions à la dioxine, mais aussi les agriculteurs et même les légumes Bonduelle. Si le tribunal annulait la construction de l'incinérateur, ce serait un coup de tonnerre pour le secteur, et une victoire inespérée pour les opposants, car le chantier a déjà avancé.

Bonne nouvelle aussi, relevée par Didier Porte (pardon, j'avais complétement oublié de vous signaler que notre bien-aimé humoriste licencié de France Inter sévissait désormais tous les lundis sur Médiapart) : cela fait deux semaines (en fait trois maintenant, puisque c'était sa chronique de la semaine dernière) que la France n'a pas subi d'attentats terroristes, alors que tous les voyants étaient au rouge... Preuve s'il en est que notre cher ministre de l'Intérieur fait bien son boulot!

Ceux qui font bien leur boulot aussi, ce sont les journalistes de Politis, qui nous proposent ce mois-ci un excellent hors série pour « Changer de société », qui promeut l'économie sociale et solidaire, l'éloge de la lenteur, la simplicité volontaire, l'engagement collectif, l'idée d'un richesse-bien-être au dépens d'une richesse-PIB, etc.
Ce hors-série de Politis fourmille d'exemples d'initiatives « qui marchent », avec notamment celle de la commune de Grigny dans le Rhône, dont le maire, René Balme, du Parti de gauche, mène des politiques ambitieuses en matière d'écologie et de social. Son projet phare : instaurer une cantine scolaire gratuite avec des produits bio et locaux. Inepties ? Question de point de vue... Personne ne songerait à remettre en cause la gratuité de services municipaux comme la voirie ou l'éclairage public, alors, « est-il normal dès lors, de devoir payer pour satisfaire un besoin vital, s'alimenter? » s'interroge l'élu.
D'accord, mais comment on finance un truc pareil? La municipalité, en partenariat avec des groupes de travail participatifs, réfléchit à des mesures d'économies sur d'autres fronts, telle la limitation de l'éclairage public de 22h à 6h du matin, une mesure qui pourrait générer 90 000 euros d'économies ou encore la question sensible du stationnement payant. Pour l'heure, le principal problème pour Grigny réside surtout dans le manque de fournisseurs bio à proximité, d'où l'idée de favoriser l'installation de nouveaux agriculteurs sur des friches municipales... Comme quoi on peut concilier social et environnement !
J'ai un petit faible aussi pour l'interview du directeur des éditions pour enfants « Rue du monde », inventeur du slogan « Travailler plus pour lire plus »! Et bien sûr, mon article préféré, très sérieusement intitulé « Jetez vos réveils ! » qui préconise des journées de travail idylliques : lever en douceur, matinée ponctuée de trois pauses de dix minutes et sieste après le repas pour un équilibre biologique sain! Et ce sont des chercheurs en chronobiologie qui le disent !
Pour finir sur cette bonne nouvelle, je reprendrai donc une citation de Patrick Font, « le seul slogan qui soit véritablement révolutionnaire » : « alors, ça vient les croissants ? »

jeudi 7 octobre 2010

Carnet de voyage au Togo


Notre amie Julie Le Feunteun publie ce mois-ci le premier tome de l'ouvrage "Mon Afrique est un ciel", un carnet de voyage qu'elle a réalisé au cours d'un voyage au Togo. Partie cultiver la spiruline bio dans un village togolais, Julie nous en a ramené des souvenirs truffés d'anecdotes truculentes sur la vie quotidienne, mais aussi ses réflexions d'Occidentale "décroissante" en Afrique, des trucs et astuces écolo, etc.

CONTACT : arlequine@no-log.org - http://sites.google.com/site/voyagetogo

mercredi 6 octobre 2010

Revue de presse 28/09/10 - Fatiguée

Par quoi commencer ? Parce que je ne sais pas vous, mais moi, je suis fatiguée... Je suis fatiguée des luttes sociales, des luttes solidaires, des luttes écologistes, anti-xénophobes, anti-carcérales, anti-fraudes fiscales, anti-tutti quanti... Tenez, rien que cette semaine : mercredi, fête de l'indignation pour soutenir les Roms, jeudi, manifestation contre la réforme des retraites, samedi, rassemblement contre la loi Besson sur l'immigration... C'est un peu usant !

Mais il faut bien commencer par quelque chose, alors commençons par la loi Besson. Pourquoi? D'une part, parce que ce n'est pas moins que la cinquième loi sur l'immigration qui sera votée en sept ans et d'autre part, parce que les informations sur ce sujet sont quasiment inexistantes dans les médias, alors que la loi est débattue depuis ce mardi à l'Assemblée nationale.
En vrac, voici quand même quelques infos pêchées sur les sites de Mediapart et du Figaro. Ainsi, la loi prévoit d'instituer :
* l'allongement de la durée de rétention administrative de 32 à 45 jours
* la création d'une possible interdiction de retour sur le territoire de 2 à 5 ans (c'est les familles dont l'un des membres aura été expulsé qui vont être contentes!)
* la création de nouvelles zones d'attente (jusqu'à présent limitées aux aéroports) où les étrangers sont plus aisément expulsables
* la restriction de l'accueil pour soins médicaux : seuls pourront en bénéficier les étrangers dont les traitements en question ne sont pas disponibles dans leur pays d'origine (ce qui occulte la question de l'accès aux soins sur place, celles des moyens, etc.)
Sans oublier les dispositions qui ont été rajoutée depuis le mémorable discours présidentiel de Grenoble cet été :
* la déchéance de la nationalité pour des Français d'origine étrangère ayant porté atteinte à un représentant de l'autorité publique
* la possibilité d'expulser des ressortissants européens présents depuis moins de trois mois sur le territoire en cas de « menace à l'ordre public » (par « menace à l'ordre public », on entend entre autres « exploitation de la mendicité » et surtout « occupation illégale d'un terrain public ou privé », formule bien pratique pour bouter du Rom hors de France...)
Avec tout ça, ils ne seront pas nombreux ceux qui pourront prétendre au statut de travailleur français qui partira un jour à la retraite à 67 ans...

La retraite d'ailleurs, parlons-en ! Comme on commence à bien maitriser le sujet ces temps-ci, j'ai décidé de m'intéresser à ce qui me turlupinait encore, telle la question de la retraite par capitalisation, un sujet traité par le Politis du 23 septembre, dans un article intitulé « L'autre sale coup de la réforme».
La retraite par capitalisation? Mais kesako ? Ben voilà, dans notre actuel système par répartition, on prélève des cotisations sociales qui sont immédiatement reversées aux retraités. Mais dans un système par capitalisation, l'épargne individuelle est placée dans des institutions financières qui font travailler vos petits sous pendant toute votre vie active et vous seront reversés à votre retraite (si un jour...). Le problème, selon le magazine Politis, c'est « le caractère inégalitaire et la logique de ces fonds d'épargne qui cherchent à maximiser les rendements et prennent des risques sur les marchés financiers. La crise a pourtant infligé un cinglant démenti à ceux qui juraient que le rendement du système par capitalisation était supérieur à celui du système par répartition! » Et Politis de citer, avec Attac, le cas de l'Irlande, dont la valeur des fonds de pension a dégringolé de 38% en 2008... D'autre part, la capitalisation individualise le financement de la retraite, ne la rendant accessible qu'aux plus aisés, bien sûr... Une tendance qui satisfait les vœux même pas secrets du Medef puisque sa présidente, Laurence Parisot, l'avait explicitement réclamé à Éric Woerth... Bien sûr, cela n'a rien à voir avec le fait que celle-ci soit également administratrice de la BNP Paribas, une banque très favorable au système par capitalisation...
Autre sujet turlupinant (j'adore ce terme, pas vous?) : les femmes et la réforme. Elles étaient nombreuses, en effet, les féministes, à tracter dans les différents cortèges de jeudi dernier. Bien sûr, j'ai voulu en savoir plus... Mission réussie grâce à Mediapart qui revient, le 24 septembre, sur l'inégalité salariale, les interruptions de carrière, les parcours «hachés», l'importance du temps partiel subi pour les femmes... qui feront d'elles les premières « victimes » de la réforme! Ainsi, par exemple, 30% des femmes occupent aujourd'hui un emploi à temps réduit pour seulement 5% chez les hommes.
Dans l'article, Ana Azaria, présidente de l'association Femmes Égalité s'emporte : « La caissière qui s'abîme le dos... Les médecins du travail disent que se sont les caissières qui ont les maladies professionnelles les plus répandues au niveau du dos. Comment on arrive à être caissière à 67 ans? Ces femmes même, une bonne partie va être licenciée avant 60 ans. Comment faire? Sept ans de chômage ce n'est pas possible, elles vont se retrouver avec le RSA et donc avec des retraites misérables ». Des solutions, elle en a, Ana Azaria : « il faut taxer les dividendes, les dividendes se font grâce au monde du travail. Il faut aussi taxer les revenus financiers, les grandes fortunes. »

Au passage, puisque j'étais sur Médiapart, je ne peux pas me refuser un petit aparté sur la diatribe récente de Rémi Pflimlin à l'encontre du quotidien en ligne. Interrogé en public sur l'affaire Bettencourt, le tout nouveau et surtout tout premier directeur de France Télévision directement nommé par le Président de la République a ainsi affirmé que l'affaire aurait pu sortir sur le service public, « mais de manière plus sérieuse, et moins émotionnelle, moins manipulatrice et moins publicitaire que sur Mediapart », ainsi que « de façon plus respectueuse par rapport à des éthiques... » Et le directeur de France Télévision d'évoquer des « dérives à la Big Brother (...) dans un monde où tout circule n'importe comment »... Bravo ! On l'attendait au tournant et Rémi Pflimlin fonce dans le mur! Outre sa méfiance réactionnaire vis à vis du web, cette sortie confirme les inquiétudes des journalistes de France Télévision quant à l'indépendance de leur nouvelle direction vis à vis de l'État.
Dans la même veine, je vous recommande la lecture de l'enquête sur France Inter publiée le 23 septembre dans les colonnes de Télérama. En juin dernier, en effet, Jean-Luc Hees prenait ses fonctions de premier président de Radio France directement nommé par le chef de l'État et choisissait dans la foulée Philippe Val pour diriger France Inter. Et Télérama nous rappelle : « Deux heures après son installation, le nouveau directeur retire la revue de presse matinale à Frédéric Pommier, qui a eu la mauvaise idée de citer le concurrent et ennemi de Charlie Hebdo, Siné Hebdo... » Puis vient l'épisode Porte et Guillon, les deux humoristes renvoyés pour avoir un peu trop malmené les oreilles élyséennes... Une décision qui provoque une manifestation de près de 2000 auditeurs devant la Maison de la radio...
Demorand, Porte et Guillon partis, la matinale de cette rentrée sur France Inter est désormais insipide et lèche-bottes (c'est moi qui le dit, pas Télérama). Pourtant, Philippe Val persiste : « L'humour n'est pas le monopole des humoristes. Il y a des choses drôles qui se disent dans la matinale ». C'est vrai que l'imitateur Gérald Dahan qui anima un meeting de l'UMP en 2005 est à mourir de rire... C'est vrai que je me suis esclaffée quand Raphaël Mezrahi a démissionné après avoir tenu seulement huit jours... C'est vrai que j'ai beaucoup ri également quand, en pleine réforme des retraites, Audrey Pulvar, dans sa rubrique très sérieusement intitulée « la controverse » s'est excusée auprès de Laurence Parisot d'avoir mal préparé son interview! Hahaha...
Rassurez-vous, je ne terminerai pas ce billet d'humeur par un guillonnesque « j'encule Sarkozy », car je ne voudrais pas me faire virer de RCV ou de PFM...

vendredi 24 septembre 2010

Revue de presse 21/09/10 - questions de priorités

« Être ou ne pas être... à la mode. De nos jours, là est – bien souvent – la question. » se demande, dans son édito de ce mois-ci, Éric Maitrot, rédacteur en chef du passionnant mensuel régional Nordway. Poignant dilemme en effet que se pose le magazine en cette rentrée si pauvre en actualité sociale, xénophobie d'État – cette expression est un peu à la « mode » dans mes chroniques en tout cas ! - et autres scandales politico-financiers... Pour Nordway, la « question du mois » (quatre pages en actu quand même) est donc bien celle-ci : « La Métropole s'est-elle mise à la mode? » Autre interrogation cruciale quelques pages plus loin : « Le record de l'écharpe la plus longue du monde sera-t-il battu à Fourmies? » (Épargnez-moi cette moue désabusée, je sais bien que cette question vous tarabuste aussi...! Et bien sachez que les participants nourrissent un espoir secret : « battre le record détenu par les Gallois de Cardiff, soit 54,290 kilomètres », ça rigole plus !)
J'exagère sans doute un peu... Dans un journal d'une soixantaine de pages, il doit bien y avoir quelques papiers intéressants, non ? Eh bien, à dire vrai, j'avoue que j'ai un petit faible pour « l'anti-portrait » de Jack Lang... « curieux », « flamboyant », « original », « atypique », « travailleur », « extrêmement exigeant », « drôle », « curieux », « cultivé », « bête politique »... Les superlatifs ne manquent pas dans ce soi-disant « anti-portrait » réalisé à partir de quatorze témoignages dont « les séduits », « la famille », « les amis », « les collègues » et seulement trois « critiques »... Heureusement que Jean-Pierre Boutoilles du collectif d'aide aux migrants C'Sûr nous rappelle que Jack Lang avait soutenu la fermeture de Sangatte par Nicolas Sarkozy ! On en oublierait presque sinon le virage sarkozyste du bien aimé député du Pas-de-Calais... Celui-là même qui, comme le souligne marianne2.fr, s'est bien gardé de condamner le discours sécuritaire et raciste de Nicolas Sarkozy à Grenoble... Celui-là même qui est le seul député socialiste a avoir soutenu le projet de loi Hadopi ou encore la réforme constitutionnelle... Celui-là même qui défend Éric Woerth dans l'affaire de la succession César, etc.
Allez, ne vous inquiétez pas, tous les médias ne sont pas aussi cabotins... Aujourd'hui par exemple, j'avais décidé de m'intéresser aux mensuels que nos auditeurs pouvaient encore trouver en kiosques, alors j'ai acheté CQFD me pour me remettre de mes émotions nordwesques. Et je n'ai pas été déçue ! Enfin si, j'ai été un peu déçue en fait, pas par le canard lui-même, mais par l'action sociale ! Dans son édition de septembre, CQFD nous propose ainsi une interview stupéfiante d'une assistante sociale et de deux éducateurs travaillant dans des associations de réinsertion. Et leur témoignage fait vraiment peur... « Elle n'a pas assez connu la galère, il faut qu'elle aille un peu dans la rue. Après, peut-être qu'elle acceptera notre aide ». Ce genre de réflexions, Estelle affirme en entendre de plus en plus depuis quelques temps. Il faut dire qu'aujourd'hui, l'action sociale entretient la « culture du résultat »... L'État ayant délégué une grande partie de sa mission d'accompagnement social aux associations, ces dernières se doivent en effet de prouver leur efficacité en terme de réinsertion, sous peine de ne pas voir renouveler leurs subventions. Un système pervers qui crée des situations absconses et marginalise encore plus les précaires, lesquels doivent régulièrement passer des entretiens pour déterminer s'ils ne sont pas trop pauvres ou pas assez, trop sales ou trop propres, pour bénéficier du suivi de telle ou telle association... Quant aux travailleurs sociaux, on leur demande de faire du chiffre, en faisant primer la quantité sur la qualité de leur accompagnement !
Faire du chiffre... Telle est également la mission des préfectures, censées expulser à tour de bras – ou plutôt à tour de charters – sans-papiers et autres romanichels. A ce sujet, CQFD publie également ce mois-ci six petites planches du dessinateur Berth, initialement prévues pour feu Siné-Hebdo, intitulées Les Expulsables, et qu'on peut désormais retrouver dans l'album éponyme du dessinateur aux éditions Hoëbeke.
Trêve de plaisanteries, je vous invite également à découvrir l'enquête sur la gestion des logements des mineurs de ch'Nord publiée aujourd'hui par Rue89 en partenariat avec France Inter. On y apprend ainsi que « 63 475 logements gérés par la Soginorpa, l'établissement régional chargé de gérer ce patrimoine, ont fait l'objet de placements financiers hasardeux… au risque de déclencher une crise des subprimes, version cht'i ». La Soginorpa aurait en effet massivement emprunté aux banques selon un principe appelé « gestion active de la dette » : « Le principe consiste à proposer des taux très attractifs en début de prêt qui, ensuite, vont se transformer en taux variables indexés sur des indices monétaires ou boursiers. Une vraie roulette russe où les collectivités peuvent gagner (un peu) ou perdre (beaucoup). » Précision utile : « La Soginorpa est une filiale à 100% de l'Epinorpa, sorte de holding de contrôle, entièrement aux mains de la région Nord-Pas-de-Calais, dont le conseil d'administration est présidé par Jean-Pierre Kucheida, député-maire de Liévin. » Merci encore à Rue89 – à l'instar du désormais célèbre Médiapart - de nous rassurer sur le monde politico-financier !
Et puisque j'étais dans les mensuels, j'en profite pour vous rappeler que depuis trois mois, Rue89 édite également un magazine mensuel papier du même nom avec ce mois-ci notamment, un dossier fort intéressant sur la croissance et la décroissance. Quoique encore fort timoré sur la question, Rue89, soulève le dilemme tabou d'une croissance infinie dans un monde aux ressources finies et esquisse quelques pistes de solutions avec des personnages tel que Pierre Rabhi et sa « sobriété heureuse » ou encore Tim Jackson et sa « prospérité sans croissance »...
Enfin, pour finir sur une note un peu plus guillerette, laissez-moi vous raconter, avec Rue89 toujours, quelques « préhistoires de cul » (le jeu de mots n'est pas de moi !). Pour entrer dans le vit du sujet (celui-là si), le magazine nous invite à découvrir l'exposition « Sexe en pierre » à Atapuerca en Espagne, une exposition de sculptures et gravures sur pierre du paléolithique reproduisant des scènes d'amour, de masturbation, des godemichés ancestraux et bien sûr quelques célèbres Vénus callipyges ! Une belle occasion pour les historiens de braver quelques tabous en montrant que le sexe-plaisir et non simple reproduction était déjà d'actualité chez nos très vieux ancêtres. Allez, Cromagnon, fais-moi voir ton beau... silex !

ZB

mardi 21 septembre 2010

Fête de l'indignation

Un grand nombre de structures culturelles se mobilise contre les dérives sécuritaires et xénophobes du gouvernement à l’encontre des communauté "Roms" et de "Gens du Voyage".
Un concert de soutien aura lieu mercredi 22 septembre à l'Aéronef (Lille)avec Marcel et son Orchestre, Loïc Lantoine, New Stompers, Gilles Defacque, Jef Kino et Swing Gadgé. La totalité des bénéfices de ce concert sera reversée à la Ligue des droits de l’Homme au bénéfice du collectif de soutien aux Roms.

Mercredi 22 septembre - 20h
Aéronef
10 €

jeudi 16 septembre 2010

Revue de presse 14/09/10 - chasse aux Roms

Qu'avez-vous fait ce weekend, les amis? Une petite après-midi dominicale à la chasse peut-être? Ben oui, il paraît que la saison de chasse ouvre en septembre... Du moins seulement pour les lapins, cailles, faisans et autres perdrix... Parce que la chasse aux Roms, elle, est très officiellement ouverte depuis le 5 août!
C'est au Canard social, un jeune site Internet indépendant spécialisé sur l’actualité du secteur social en Pays de la Loire qu'on doit l'information. Nouveau soubresaut jeudi dernier en effet dans le feuilleton Roms de l'été, avec la publication par le Canard social d'une circulaire du ministère de l'Intérieur adressée aux préfets, en date du 5 août, que le journal en ligne compare à un véritable « mode d'emploi pour l'expulsion des Roms »... Ce document - tout ce qu'il y a de plus officiel - enjoint ainsi - avec recommandations pratiques à la clé - à chaque préfet de zone « la réalisation minimale d’une opération importante par semaine (évacuation, démantèlement ou reconduite), concernant prioritairement les Roms. »
Au vu de cette nouvelle révélation, je me devais de profiter aujourd'hui de ma chronique pour dénoncer cette scandaleuse xénophobie d'État, quitte à vous en rebattre les oreilles comme nombre de mes confrères... Et oui, même un Patrice Gélinet, qui - dit-on - aurait milité étant jeune au mouvement d'extrême-droite Occident, a consacré ce mardi son émission « 2000 ans d'histoire » sur France Inter à l'histoire des Roms et de leur persécutions notamment par le régime nazi !
Pourquoi ressasser le sujet ? Pourquoi en effet... Tout simplement parce que, comme nous le rappelle sur Mediapart, le 11 septembre, Michel Tubiana, le président d'honneur de la Ligue des Droits de l'Homme (LDH), le Code pénal définit la discrimination comme « toute distinction opérée entre les personnes physiques à raison de leur origine, de leur appartenance ou de leur non appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie. » Or, cette fois-ci, ce n'est plus seulement dans leurs discours, mais dans leurs écrits officiels que les soi-disant représentants de la République expriment leur racisme puant.
Et Michel Tubiana de nous alerter : « Il y a quelque chose qui va bien au-delà du scandale dans ce verbe administratif. Il y a l'angoisse de constater que d'auvergnats en maghrébins, de musulmans français forcément « accueillis » dans le pays où ils sont nés en Roms pique-assiettes de notre système social et gens du voyage forcément délinquants, se dessine le portrait d'une politique qui n'hésite pas à s'en prendre à des communautés entières sur la base de leur origine ou de leur religion. »
Ajoutez à cela l'amalgame estival « Roms = gens du voyage = délinquants » et nous voilà dans un discours gouvernemental qui fleure bon l'extrême-droite... A ce sujet, il me semble judicieux de vous conseiller la lecture d'un article du Figaro du 24 août – décidément, même le Figaro m'étonne ces temps-ci ! - qui permet d'expliciter correctement les termes. Le quotidien distingue ainsi le statut de « gens du voyage », catégorie administrative de populations françaises résidant en abri mobile, et le terme « Roms » qui désigne des étrangers migrants, ressortissants de l'Union européenne (principalement de Roumanie et de Bulgarie). Si les Roms et la plupart des gens du voyage partagent une même culture tzigane (appelée aussi gitane ou manouche selon les régions), ils ne partagent pas la même histoire, encore moins la même nationalité.
« Ça fait six cents ans que nous vivons en France et nous sommes sédentaires depuis disons trois cents ans. Les premiers gitans recensés sont arrivés au XVe siècle, en majorité d'Espagne. » explique à Mediapart (3 septembre) Jean-Paul Caragol, président du collectif des gitans de Perpignan. Le collectif, formé début août, entend affirmer, malgré les amalgames, sa solidarité envers les Roms de Roumanie. Jean Gimenez, un autre membre du collectif, détaille ainsi : « En entendant l'annonce, le 28 juillet, par le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, de nouvelles mesures répressives concernant les gens du voyage et les Roms, nous avons tout de suite pensé à l'époque de nos parents et grands-parents, à l'époque des Allemands qui mettaient les femmes et les enfants d'un côté et les hommes de l'autre. Tout ça nous a choqués. Aujourd'hui mes parents et grands-parents sont décédés. On n'a pas d'écrits, c'est une culture orale. Ils nous racontaient des histoires autour du feu mais ce n'étaient pas des histoires, c'était la réalité: la souffrance qu'ils ont vécue, comment ils allaient se cacher dans les villages, les montagnes, ils parlaient de Vichy... Alors quand j'ai vu à la télévision ces images de campements évacués, ça m'a fait mal. J'ai travaillé pendant quarante ans à la mairie de Perpignan. Nous sommes français depuis des générations, mais nous avons connu ça aussi. »
A lire aussi, un article de Rue89, en partenariat avec LyonCapitale, publié le 26 juillet sur leurs sites respectifs : « Clichés, idées reçues : qui sont vraiment les Roms? » Martin Olivera, ethnologue spécialisé dans la communauté tzigane, y dissèque une dizaine de préjugés classiques : les Roms sont structurellement nomades, ils droguent leurs enfants pour faire la manche, etc. Selon le chercheur en effet, c'est surtout l'expulsion des squats et des bidonvilles en France qui contraint les Roms à la mobilité, alors qu'ils étaient sédentaires en Roumanie. Quant à la manche, pour bien des familles sans qualification, sans droit au travail, elle est la seule ressource possible et les enfants y sont associés comme ils étaient associés aux travaux paysans en Roumanie. « Quant aux bébés dans les bras, ils ne sont pas là pour apitoyer mais parce que les mères n'ont pas de solution pour les faire garder : où ? Par qui ? »
Je conclurai sur la question des expulsions avec l'analyse de Malik Salemkour, vice-président de la LDH, dans le Politis du 26 août. En effet, alors qu'Éric Besson clame à l'envi que le droit à la libre-circulation en Europe n'est pas « inconditionnel », Malik Salemkour rétorque qu'individuellement des expulsions sont possibles, notamment en cas de « trouble à l'ordre public », mais que dans le contexte actuel, « il n'y a pas de cas par cas » : « On estime a priori que les Roms sont pauvres, qu'ils sont une charge déraisonnable, vivent en bidonville. On les vire donc collectivement. » Pour le vice-président de la LDH, il s'agit donc « d'expéditions punitives »...
Ah... La tradition de la chasse... Vive le sport !

ZB

mardi 14 septembre 2010

Paul Parisot, un journaliste engagé


Nos confrères des éditions ARIA-Nord viennent de publier l'ouvrage "Paul Parisot, la traversée du siècle d'un journaliste engagé".
Rédigé sur la base d'entretiens réalisés par Marie-Martine Chambard et Alain Goguey avec Paul Parisot, peu avant sa disparition, le livre retrace un siècle militantisme, de la Résistance à nos jours. Journaliste engagé et militant syndical, Paul Parisot est notamment un des rédacteurs de la charte de Munich, laquelle détermine les droits et devoirs de la profession de journaliste. Au travers de la vie de Paul Parisot, c'est une éthique exemplaire à découvrir et redécouvrir d'urgence en ces temps de concentration des médias entre les mains des puissants et de syndicalisme dispersé..

ARIA-Nord
11 bis rue de la Garonne - 59000 Lille
www.aria-nord.fr

samedi 11 septembre 2010

Babelle de rentrée ?


Et ben alors? Que devient Babelle? Et oui, désolés, vous l'aurez remarqué, la publication du magazine est interrompue depuis février... Pas assez d'argent, de temps, de moyens humains, nous voilà contraints de mettre un terme au magazine (Les abonnés qui le souhaitent seront remboursés au prorata des numéros non-reçus)...

Cela dit, Babelle est mort, vive Babelle ! D'une, tous les anciens numéros sont désormais disponibles gratuitement auprès des membres de l'asso. De deux, nous avons de nouveaux projets dont nous vous tiendrons informés très vite : l'édition de guides d'écologie pratique!

Enfin, l'émission Babelle a fait sa rentrée cette semaine le mardi à 19h30 sur les ondes de RCV 99FM (Lille), rediffusée le vendredi à 17h sur PFM (Arras)! Une nouvelle "formule" à découvrir!

vendredi 18 juin 2010

Fête de l’environnement et des solidarités


Théâtres engagés, balades découvertes de la biodiversité, constructions collectives, ateliers avec des artisans de la région, musiques du monde, lectures pour enfants, expo-vélo, ciné-débats, rallye Roms,... et plein d’autres surprises... proposées par les associations créatives et militantes du réseau de la Maison Régionale de l’Environnement et des Solidarités.
Un week-end convivial où se croiseront urbains et ruraux, nature et culture, animations et réflexions...
AVEC : Association Droit au vélo – AFIP- AGIR abcd - Ajonc - Amis de la Terre Nord – AMNESTY - ASET - Association. Lilloise de Philosophie – CARL – CCFD – CEDAPAS - CPIEVilles de l’artois – CRDTM - Du côté des femmes – EchoWay’Lille - Ferme de Charlie – IKEBANA - Le Pas de Côté - Les Blongios - Ligue des Droits de l’Homme – M.R.A.P. - Maison du Jardin - nn chico mendes - Petits Débrouillards - Petit Théâtre Utile les anonymestp – Ppjeg - Savoir Faire et Découverte - Tambours Battants - Terre de liens Nord-Pas-de-Calais - TOP Théâtre de l’Opprimé – TouSCAN - Unis-Cité Nord Pas-de-Calais - UT Les Amis de la Nature - Section de LILLE
Vendredi 18 juin > de 19h à minuit
Samedi 19 juin > de 14h à minuit
Dimanche 20 juin > de 12h à 19h
Gare Saint Sauveur à Lille, parc Jean-Baptiste Lebas
http://www.mres-asso.org/spip.php?rubrique122

jeudi 17 juin 2010

Appel pour l'école publique jusqu'au 19 juin

L’École publique, laïque et gratuite crée le lien social indispensable pour faire face aux défis d’un monde en crise. C’est elle, et elle seule, qui permet de garantir la cohésion sociale. Elle est pourtant aujourd’hui menacée par des choix politiques qui favorisent le privé et encouragent le consumérisme éducatif.
Redonnons la Priorité à l’École laïque !
Le service public et laïque d’éducation doit garantir à chaque élève une scolarisation de qualité sur tous les territoires. Il doit permettre à chacune et chacun, quelle que soit son origine culturelle ou géographique, quelle que soit sa condition, quel que soit son handicap, de bénéficier d’une éducation et de s’approprier « le vivre ensemble » dans un espace où la liberté de conscience est strictement respectée.
Aujourd’hui, le service public et laïque d’éducation n’est plus une priorité de l’état.
Les nombreuses décisions ministérielles le montrent :
• les dizaines de milliers de suppressions d’emplois qui ne cessent de le frapper durement, le fragilisent en zone rurale et l’asphyxient en zone urbaine,
• les aides publiques concédées aux établissements privés (à 95% catholiques) qui n’ont jamais été aussi élevées. Il s’agit de près de 7 milliards d’Euros octroyés chaque année par l’État, auxquels viennent s’ajouter les participations obligatoires versées par les collectivités locales,
• la loi Carle qui amplifie le financement de la concurrence au service public et conforte la logique de « marché » scolaire,
• la suppression de la sectorisation, qui transforme les parents d’élèves en consommateurs d’école,
• le développement du privé par le plan banlieue, là où les besoins du service public sont les plus criants, là où la ségrégation sociale est la plus forte,
• les accords « Kouchner Vatican » (qui remettent en cause les règles de collation des grades universitaires au bénéfice des instituts catholiques) ainsi que les projets de financement par l’état de l’enseignement supérieur privé.
Nous, signataires de cette pétition, refusons l’affaiblissement organisé par l’État, de notre service public et laïque d’éducation.
L’éducation n’est pas une marchandise. La liberté de conscience doit être respectée partout et pour toutes et tous. L’argent de tous doit cesser de financer les choix de quelques-uns.
Nous exigeons une orientation politique qui fasse clairement le choix de l’École publique, laïque et gratuite.
Nous réaffirmons qu’il n’y a qu’une École de la République.
Nous demandons que l’effort éducatif de la Nation soit réservé au développement de l’École de la Nation.
lien

Africains migrants chassés de leur refuge à Calais

COMMUNIQUÉ DE PRESSE
15 juin 2010
DE VRAIES SOLUTIONS POUR LES RÉFUGIÉS

Depuis la destruction de la «jungle» de Calais le 22 septembre 2009, la situation est toujours aussi difficile pour les migrants : destruction systématique des abris et campements, harcèlement policier permanent et intensif, destruction régulière du matériel distribué par les associations humanitaires…
Cette politique qui vise à épuiser et démoraliser les migrants au mépris de leurs droits s’est encore concrétisée ce lundi 14 juin 2010 par l’expulsion d’une centaine de migrants d’un bâtiment dans lequel ils avaient trouvé refuge à Calais.

L’ancienne usine PAGNIEZ servait de refuge depuis plusieurs mois à des réfugiés originaires d’Afrique de l’est, principalement du Soudan. Ce pays est en proie à une guerre civile féroce, et son président fait l’objet d’un mandant d’arrêt du Tribunal Pénal International pour le génocide perpétré au Darfour. Demandeurs d’asile sans hébergement, mineurs, personnes errant en Europe parfois depuis plusieurs années sans avoir trouvé un pays d’accueil, personnes en attente de retour volontaire et laissées sans hébergement, ils étaient une centaine à trouver dans ce lieu un abri contre les intempéries. Les bâtiments abritaient également des Français sans domicile, puisqu’il n’y a pas que les réfugiés qui se trouvent à la rue.

L’évacuation de l’usine Paniez a eu lieu lundi 14 juin 2010. Pourtant aucune procédure légale d’expulsion n’a été engagée devant le tribunal, aucun permis de démolir n’a été affiché.

Les associations signataires rappellent que l’État a l’obligation d’héberger les demandeurs d’asile et les candidats au retour volontaire, mais ne respecte pas cette obligation, qu’il a l’obligation de protéger les enfants et que les réfugiés mineurs sont laissés à la rue et subissent le même sort que les adultes. Elles rappellent que le règlement européen Dublin II rend très difficile l’accès des réfugiés à un statut légal et les condamne à la clandestinité et à l’errance d’un pays européen à l’autre.

Elles rappellent enfin que les précédentes destructions n’ont fait qu’aggraver les conditions de vie des réfugiés, qui continuent et continueront à venir tant qu’aucune solution concrète ne leur sera proposée.

Ainsi, pour les personnes qui avaient trouvé refuge dans ce bâtiment, les associations demandent :
• qu’un hébergement adapté soit proposé à tous (notamment CADA pour les demandeurs d’asile, mise à l’abri pour les mineurs) ;
• que le séjour des personnes souhaitant rester en France soit régularisé, les ressortissants de ce pays se trouvant actuellement dans une impasse puisque la situation au Soudan ne permet en aucun cas leur renvoi ;
• que celles souhaitant déposer une demande d’asile en France puissent le faire, même si elles ont laissé leurs empreintes digitales dans un autre pays, et que les mineurs bénéficient d’une protection quel que soit leur projet de vie, conformément au droit international.
SIGNATAIRES : Amnesty Nord-Pas-de-Calais – C’SUR – Flandre Terre Solidaire – Fraternité migrants Bassin minier 62 – La marmite aux idées – Médecins du Monde – Salam Nord-Pas-de-Calais – Secours Catholique délégation Pas-de-Calais – Terre d’errance Flandres Littoral – Terre d’errance Norrent-Fontes – Terre d’errance Steenvoorde

jeudi 10 juin 2010



Nos confrères de la Brique, journal d'investigation et d'enquête de Lille et d'ailleurs, fêtent leurs trois ans !

Contrôles au faciès intempestifs, gardes-à-vue abusives, provocations en tout genre, « bavures » protégées par la justice, chasse aux migrant-es, répressions de grévistes, de militant-es, fichage de la population... la journée commence par un débat avec Jean-Pierre Garnier , auteur de Une Violence éminemment contemporaine, Mathieu Rigouste, auteur de L’Ennemi intérieur, Mauvaises Intentions, revue d’autodéfense contre l’outil «antiterroriste»

Puis, dès 19h, "Un Flic, Un Bal" avec : La Frontale (fanfare), Mizè Lèlmi (hip hop), La Goutte (chanson), Wes Waltz (funk hxc), Anxiety Attack (hxc) et DJ Stamiff (hip hop).

+ toute la journée Théâtre de l’Ordinaire, ateliers d’imprimerie et de bière artisanale. Entrée à prix libre. Bar et bouffe sur place. Yeah...

SAMEDI 12 JUIN dès 12h - Maison de Quartier Vauban - 77 rue Roland à Lille http://www.labrique.net/

Norrent-Fontes: tournoi interculturel

Ce samedi 12 juin, l'équipe de la MRJC de Norrent-Fontes organise, avec la participation de Terre d'errance, un tournoi de football interculturel.

Cela fait plus d'un an déjà qu'une dizaine de jeunes collégiens se réunissent le samedi matin sur Norrent-Fontes pour échanger et agir sur des thèmes qui les animent. L'an dernier, cette équipe MRJC est allée visiter le camp de migrants, installé près de l'aire d'autoroute du
village. Là-bas, ils ont pu échanger avec les migrants (en anglais) et les bénévoles. Les migrants ont témoigné de leur voyage, raconter leurs motivations mais aussi leurs doutes. Les bénévoles nous ont entre autre parlé de l'image et des a priori qui pouvaient souvent exister auprès des habitants. Suite à cette rencontre riche en échanges et en découvertes, les jeunes ont eu l'idée originale d'organiser une rencontre entre les habitants et les migrants. Mais pas n'importe comment. Tous sont passionnés de sport et particulièrement de football. L'idée était donc là, devant leurs yeux: organiser un tournoi de football avec les migrants et les habitants. Le projet chemine donc depuis un an, ils arrivent dans la dernière ligne droite, celle de la réalisation. Ils vous invitent toutes et tous à venir enfiler le short, supporter ou juste venir boire un coup le 12 juin de 10h00 à 17h00 au Stade de foot de Norrent-Fontes. Pour les gens
souhaitant jouer, ils peuvent s'inscrire au 03 21 66 57 26.
L'inscription est gratuite et individuelle, un tirage au sort des équipes se fera le matin même au stade, le but étant de mélanger migrants et autochtones, dans chacune des équipes. Une buvette et une restauration rapide seront à votre disposition. Nous espérons vous compter nombreux !

http://terreerrance.wordpress.com http://migrantsdecalais.wordpress.com

lundi 7 juin 2010

Babelle fait "Chanvre à part" ce soir!

Cette semaine, à l'émission Babelle, nous recevons Olivier, jeune créateur d'entreprise, qui cultive du chanvre biologique et vend des produits à base de chanvre sur les marchés et salons de la région. Avec "Chanvre à part", découvrez une plante non seulement pleine de vertu, mais aussi écologique!

Mardi 8 juin 19h30 sur RCV 99FM à Lille
Rediffusion Vendredi 11 juin 17h sur PFM 99.9 FM à Arras

http://chanvreapart.fr

jeudi 3 juin 2010

La chronique de Florent - 1er juin

Aujourd'hui, en raison de la durée trop courte de mes allocations chômage, laquelle me pousse honteusement à chercher du travail et parfois même, ô infamie, à me rendre à des entretiens d'embauche, je ne suis pas présent physiquement à RCV. Mais grâce aux nouvelles technologies, mon esprit peut vous accompagner durant quelques minutes, sinon durant toute l'émission. Pour me faire pardonner cette désertion, la troisième consécutive, je ne vais annoncer que des bonnes nouvelles aujourd'hui.

Commençons tout d'abord par un anniversaire, celui de la fin de la Commune de Paris durant ce que les historiens anarcho-guévaristes ont nommé la Semaine Sanglante sous prétexte que les troupes Versaillaises, libérant Paris du joug goulago-socialo-communisto-autonome, ont fusillé entre dix et vingt mille personnes. Mais la chute de la Commune de Paris, ce n'est pas que le sang qui fit rougir Montmartre une dernière fois et sur lequel fut bâti en expiation le Sacré-Coeur, c'est également l'acte fondateur de la IIIème République Française, et de la vraie démocratie, pas celle de la populace, mais celle de ceux qui savent nous conduire sur les chemins glorieux du progrès et de la félicité. Magnifiques leaders qui nous ont permis en un siècle et demi de refaire la guerre à l'Allemagne, de laisser crever la République espagnole, d'attendre le dernier moment pour tenter d'endiguer le nazisme, de défendre l'Algérie Française ou, plus récemment, de décider de revenir sur les acquis sociaux issus de la Résistance, mis en place dans un pays sinistrés et démolis dans un pays qui n'a jamais été aussi riche sous prétexte que nous n'aurions plus les moyens. Gloire donc aux troupes Versaillaises qui ont protégé la France d'une dangereuse dérive gauchisante et dont les fiers héritiers trônent toujours au sommet de l'Etat.

Bien sûr, lorsque l'on trône, il faut y mettre les moyens, notre ultra-président avait déjà plus que doublé son salaire et on apprend la semaine dernière que le budget de l'Elysée a augmenté de 2,5% l'an dernier. 2,5% c'est plus que l'augmentation des minimas sociaux, mais c'est moins que l'augmentation programmée du gaz, 4% qui font suite aux 9% d'augmentation en avril. On peut donc en déduire que l'Elysée a anticipé la hausse de ses dépenses énergétiques et décidé que si les pauvres n'avaient plus les moyens de se chauffer, il était hors de question que le chef de l'Etat se retrouve dans ce cas.

Bonne nouvelle toujours, dans la rubrique c'est pas la crise pour tout le monde, avec la sortie vendredi de l'I-pad, le dernier joujou d'Apple pour les bourgeois branchouille. Ca consomme des matériaux super-rares, ça coûte cher, c'est prévu pour être obsolète très très vite, notamment grâce à sa batterie soudée au reste du bidule qui oblige à tout jeter quand elle est morte, mais c'est absolument in-dis-pen-sable d'en avoir un. Grâce à des millions d'années d'évolution, l'espèce humaine laisse toujours crever de faim un milliard de ses membres, mais quelques milliers d'autres peuvent simultanément téléphoner, prendre des photos, écouter de la musique, regarder des films, aller sur internet et lire des livres électroniques n'importe où avec un objet plat à écran tactile. Ça c'est la classe.

Autre bonne nouvelle c'est le tout petit million de personnes qui a manifesté la semaine dernière pour défendre les retraites. Sa splendeur sérénissime, notre glorieux président l'avait dit, aujourd'hui, quand il y a une manifestation en France, personne ne l'entend. Ceci dit, pour entendre, il faut écouter, ce que le gouvernement ne compte pas faire. C'est la crise, bordel, alors il faut sortir de cette putain de mentalité française de Front Populaire et accepter que tout le monde face des sacrifices, merde. Bon, bien sûr, quand on dit tout le monde, ça ne veut pas dire qu'on va taxer les revenus du capital, ceux de l'immobilier, de la spéculation ou des transactions financières hein, il n'y a que les gens qui travaillent qui sont concernés, on n'est pas chez les soviets non plus.

Encore très bonne nouvelle désormais. Suite à la mort récente d'une policière municipale sous les balles d'une arme de guerre, le gouvernement a décidé de prendre des mesures radicales. Désormais, les policiers municipaux pourront être équipés de tasers. C'est une réponse logique. C'est pour lutter contre le grand banditisme armé de kalachnikovs qu'on file des tazers aux municipaux et c'est sûr qu'ils ne s'en serviront pas dans d'autres circonstances, comme lors d'un contrôle d'identité un peu musclé par exemple. Je sais pas vous, mais moi je me sens vachement rassuré, un peu comme quand je sais qu'il y a dans les gares des militaires avec des grosses mitraillettes pour tirer sur les bombes dissimulées dans des sacs.

Toujours une bonne nouvelle avec l'annonce que, cocorico, ça va avoir lieu chez nous l'Euro 2016. Hé ouais, trop la classe. Sa magnificence en talonnettes l'a dit et redit, c'est ça la réponse à la crise. Grâce au football, fini la morosité, la tristesse, le chômage et l'alcoolisme. Enfin non, le chômage et l'alcoolisme ça va continuer, mais on aura une excuse pour se bourrer la gueule. Bon, bien sûr, ça va coûter un peu de sous tout ça, on va dépenser un milliard 700 millions d'euros pour faire des stades, notamment ici à Lille. Car avoir de beaux stades est une priorité nationale.
Vive le football, vive nos lumineux dirigeants éclairés, vive notre petit timonier et vive la France éternelle, celle de Versailles, du pain et des jeux. A la semaine prochaine.