vendredi 17 décembre 2010

Huitième et dernier numéro du magasine Babelle


Voilà, c'est officiel : Babelle, le mag', comme Capri, c'est fini! Mais pour vous consoler, on vous invite à consulter en ligne le huitième et donc dernier numéro de Babelle à l'adresse suivante:
http://babelle8.free.fr/Babelle_8.pdf

Et comme toujours, retrouvez l'émission de radio "Babelle" tous les mardis à 19h30 sur RCV, à Lille(rediffusion le vendredi à 17h sur PFM, à Arras)!

mercredi 15 décembre 2010

Chronique ciné 14/12/10 - "Octubre"


L’intrigue tourne autour de Clemente, connu comme étant « le fils du prêteur ». Son métier c’est de prêter de l’argent aux gens qui n’ont pas accès aux crédits bancaires, en leur demandant des intérêts, tout comme une banque. L’histoire se complique lorsqu’un jour , en rentrant chez lui, il découvre dans sa chambre un nourrisson posé dans son couffin. D’où vient le bébé ? est ce qu’il va le garder pour s’en occuper ou est-ce qu’il va préférer s’en débarrasser? c’est ce qu’on va savoir durant le film.

Octubre est un film péruvien, de Daniel et Diego Vega Vidal. Daniel est producteur de publicités à Lima. Diego, lui, avait fait des études supérieures en économie avant d’engager une école de cinéma à Cuba. Il est aujourd’hui scénariste à Lima, de cinéma et de télévision. Ces deux frères signent avec Octubre, notre film d’aujourd’hui, leur entrée dans le monde de la réalisation de long-métrages. Diego comme Daniel pense que ce film est leur « interprétation singulière du cinéma ». Octubre a eu le prix du jury, dans la sélection « un certain regard » à Cannes cette année. Même si mon avis est partagé, je reste persuadée que pour un premier film, être distribué dans plusieurs continents prouve un minimum les qualités de l’œuvre.

Le film tourne donc autour du quotidien de Clemente, une personne solitaire qu’on n’entend presque pas pendant les premières 20 minutes du film. C’est une personne plutôt antipathique, qui passe son temps entre mettre la pression aux mauvais payeurs, payeurs qui ont du mal à s’en sortir avec leurs dettes augmentées de 20% d’intérêts, et aller voir les prostituées du coin presque tous les jours. Lorsqu’il découvre le bébé dans sa chambre, il se doute bien d’où il vient et qui sont ses parents. C’est pour ça que, pour ne pas abandonner la petite fille, pourtant bien mignonne, il engage sa voisine Sophia, la vieille fille catholique pour la garder. Bien qu’il se passe des choses dans le film, Clemente reste très sombre comme personnage, et essaye de communiquer le moins possible.

Les frères Vega Vidal signent une mise en scène soignée, et apparemment très symétrique, avec autant de distance entre une chaise et l’autre par exemple. Daniel, qui travaille l’aspect visuel sur le tournage, veut trouver de la beauté dans chaque plan. Avec un tournage qui se déroule dans des quartiers populaires de Lima, des maisons sales et ruinées, c’est sans doute le fait de dégager des sensations, des sentiments ressentis mais qu’on ne nous dit pas des personnages, que les metteurs en scène voulaient montrer. Face à cette symétrie, c’est à quelqu’un de chaotique dans les idées et les faits qu’on découvre. L’esthétique que le film donne à voir c’est celle de la misère, de l’insécurité et du manque de confort de la vie péruvienne, (comme traces de la violence qui a eu lieu dans le pays durant les années 1980-90). Les acteurs évoluent dans un décor étroit, avec une lumière sombre, assez significative de la vie terne que mènent Clemente et Sophia. Clemente parce que la situation de pouvoir qu’il exerçait sur les gens au début du film va se renverser contrer lui. Et puis Sophia parce que c’est une femme seule, qui rêve de s’installer avec quelqu’un, avoir des occupations liées au foyer familial, alors que Clemente, chez qui elle vit, ne veut pas de ses avances.

Le film est sans doute chargé de connotations liées à la religion, aux rapports Homme/Femme et aux valeurs qu’un être humain peut avoir, ou pas. La référence au mois d’octobre, qui prend le titre du film, se justifie par la citation de la fête du Seigneur des Miracles à Lima… en plus d’être de mois de la révolution russe… Ainsi, la figure du gars sans scrupules, tricheur et indifférent qu’est Clemente s’oppose à celle du Christ, dont on fête les qualités infinies. La fin du film, que je ne vous cacherais pas parce qu’il n’y en a pas vraiment, est peut-être une réponse aux prières répétées de Sophia. Quelque chose de mystique se passe, mais qu’on ne voit pas dans les images. Peut-être que Clemente va enfin comprendre qu’il n’est pas dans la bonne voie ? difficile d’en savoir plus…

Le film, Octubre, était en avant-première hier soir au cinéma le Majestic à Lille en présence des réalisateurs Diego et Daniel Vega Vidal. Vous pourrez le voir à partir du 29 décembre en salles, date de sa sortie nationale (histoire de finir en beauté l’année 2010).

Roukaya Ben Fraj

vendredi 10 décembre 2010

Chronique ciné 30/11/10 - "Outrage"


Dans un monde parallèle à celui des japonais contemporains, vivent les yakuza, équivalent japonais de la mafia. Ce sont des gars bien musclés, avec des tatouages plein le dos, qui ont pour valeurs les plus absolues le pouvoir et l’honneur, mais aussi vengeance et corruption quand il le faut. Le film est un règlement de compte continu entre les hommes du grand parrain qui exécute ou punit quiconque ne respectant pas les règles. Tous sont à la recherche de la bienveillance de sa part, mais semblent prêts à tout pour avoir leur part du gâteau. Les hommes envoyés pour règlement de compte ne sont pas toujours à la hauteur, alors on a parfois le droit à des confrontations entre chefs de clans eux-mêmes, confrontations qui s’avèrent de plus en plus musclées…

Je vous parle d’Outrage, le dernier film de Takeshi Kitano (son 15ème long-métrage). On a surtout découvert son talent avec Hana-bi en 1997( lion d’or à Venise). Avec ce film, Outrage, c’est le grand retour de Kitano aux films de gangsters, avec à la fois une violence bien sanglante et un humour sans pareil. Beat Takeshi comme on le nomme souvent, signait presque un autoportrait avec Achille et la tortue, un film qu’il a réalisé en 2008, et qui parle de la vie bien mystérieuse d’un artiste peintre. Parce que Kitano s’essaye aussi à la peinture. Mais pour revenir à Outrage, c’est le retour de Beat Takeshi, toujours en acteur principal de ses films. Sauf que c’est au gangster infidèle bien bizarre qu’on a à faire, et non plus au peintre bien gentil.

Je parlais de violence dans le film. Eh bien notre réalisateur nippon n’y va pas avec le dos de la cuillère ! Je vous cite Beat Takeshi qui dit lui-même : "Je filme la violence de sorte que le spectateur ressente réellement la douleur. Je n’ai jamais filmé et ne filmerai jamais la violence comme s’il s’agissait d’un vulgaire jeu vidéo." ça au moins, c’est dit ! je vous passe les détails mais le réalisateur donne une nouvelle preuve de l’imagination fertile et des idées cruelles qu’il a, en montrant des scènes de plus en plus violentes, sanglantes des fois, pires d’autres fois. En tout cas, je me suis surprise, et ça ne m’était pas tant arrivé avant, de me cacher les yeux pour ne pas être témoin d’une tuerie en plus. Sans exagérer, je pense qu’il y en a près d’une cinquantaine de personnes qui meurent dans le film, mais jamais de la même façon.

Kitano incarne ici Ôtomo, un gangster qui avait fait le pacte de la fraternité éternelle à son égal de l’autre clan, se retrouve en train de se venger contre lui. Avec son jeu un peu lourd, son visage à moitié paralysé et ses interventions pas très délicates, c’est carrément le Yakuza bizarre de Sonatine, Hana-Bi ou encore d’Aniki mon frère qu’on retrouve à l’écran. L’histoire est assez difficile à suivre vu la complexité hiérarchique des différents clans des yakusas. Mais on n’en est pas moins pris au jeu, grâce à la mise en scène rythmée de ces rapports de force et à l’humour loufoque qui se dégage de certaines séquences. Notons aussi le travail du son particulièrement réussi quant aux scènes de violence, et une musique à la fois sobre et vintage, genre thriller à l’ancienne.

Outrage, notre film de cette semaine est interdit aux moins de 12 ans. Et ça m’a étonné au vu de certaines séquences. Mais c’est vrai qu’à côté des batailles et des meurtres, il y a un humour qui atténue la violence du film, et qui donne un côté burlesque à ces situations et à ces héros qui sont tout sauf des héros. Entre la fascination pour ce monde et la révélation de son absurdité, le réalisateur déjoue les codes du film de gangsters et signe une mise en scène élégante et brutale à la fois.

Ce qui est frappant chez Takeshi Kitano, au fondement de son talent à la fois de scénariste, de réalisateur, de monteur et d’acteur, se trouve dans le fait qu’il puisse passer d’un genre à l’autre dans ses films, tout en gardant une grande cohérence artistique. A voir ce film-ci, on est bien loin de la douceur d’un été de Kikujiro, ou l’émotion d’un Hana-bi. Mais ce n’est pas avec moins d’enthousiasme que j’attends la suite de son œuvre !

Roukaya Ben Fraj

mercredi 8 décembre 2010

Revue de presse 07/12/10 - King Cantona

Je déteste les sportifs. Pas seulement parce qu'ils sont généralement vulgaires et blingbling comme une équipe de France en coupe du monde à Johannesburg. Je les déteste surtout lorsque une poignée d'entre eux se fendent d'une demi-journée de grève et qu'ils sont d'office reçus à l'Élysée, tandis que des millions de Français dans les rues pendant deux mois contre la réforme des retraites ne reçoivent que mépris des hautes sphères de l'État.
Je déteste encore plus les sportifs depuis que, lassée de l'autoritarisme d'un Philippe Val à France Inter, j'ai définitivement quitté ma station préférée (après RCV bien sûr!) pour me coltiner les news de France Info où lesdits sportifs occultent tous les jours un large temps d'antenne que le service public ne préfère pas consacrer aux épineuses questions sociales et politiques...

J'en profite pour faire un petit aparté sur les résultats de l'enquête Médiamétrie septembre-octobre 2010 publiés le mois dernier qui révèlent une baisse de l'audience de France Inter, notamment en Île-de-France... Après moult polémiques concernant la station - Demorand, Porte, Guillon, et autres Gérald Dahan - j'ai cherché dans les médias les commentaires de Val et Jean-Luc Hees sur cette nouvelle... en vain! Après « France Inter, la différence », voici le nouveau slogan de la radio: « France Inter, l'indifférence »!

Bon, je reviens à mes sportifs... J'ai un peu exagéré, en fait, il y a au moins un sportif que j'aime bien et il défraie justement la chronique aujourd'hui: le « king » Éric Cantona!
En effet, outre le fait qu'il fut un très bon buteur – pour ça je ne suis pas la meilleure juge... -, il pourrait devenir désormais un porte-parole pour les anticapitalistes! Le 8 octobre, dans un entretien à Presse Océan, le footballeur déclarait ainsi : « Le système est bâti sur le pouvoir des banques, il doit être battu par les banques! Au lieu qu'il y ait 3 millions de gens dans les rues… ils vont dans les banques et ils retirent leur argent... et les banques s'écroulent... et là, il y a une vraie menace, une révolution! »
Je ne sais pas si Cantona himself s'attendait à un tel buzz suite à ces déclarations, mais il n'empêche que depuis le 8 octobre, la vidéo a été visionnée par des milliers d'internautes qui l'ont repris à leur sauce, en appelant (notamment via le site www.bankrun2010.com) à un mouvement international aujourd'hui, mardi 7 décembre. A cette heure, j'ignore encore quelle a été la mobilisation, mais 34 000 personnes s'étaient déjà engagés sur Facebook hier à retirer leurs petits sous! Quant à Cantona, il devait officiellement retirer au moins 1500€ aujourd'hui (1).
Aux dernières nouvelles de l'AFP en tout cas, des membres du collectif "Sauvons les riches", déguisés en bagnards, ont vidé leurs comptes ce matin dans une agence Société Générale à Paris avant de déposer les espèces retirées au Crédit Coopératif, une banque jugée plus "éthiquement correcte". « Nous voulons lancer un mouvement pour que les gens retirent leur argent des banques malhonnêtes et le mettent dans des « bonnes » banques, des banques qui financent des projets locaux, plutôt que du nucléaire par exemple », ont ainsi déclaré les militants aux journalistes.
Dans cette histoire, ce qui est rigolo aussi c'est que le footeux s'est non seulement attiré les foudres de Christine Lagarde, Roselyne Bachelot et François Baroin, mais aussi celles du soi-disant gauchiste Mélenchon et de Nathalie Arthaud de FO! Wahoo, Cantona, quel bûûûûût!

Et si on lui décernait le prix de la personnalité culturelle de l'année à Cantona? Ben quoi? Ce ne serait pas plus stupide que les huit nominés que Radio France – encore elle!- a choisi pour le prix qu'elle doit remettre ce soir...
Et les nominés sont... Karl Lagarfeld, Michel Houellebecq, Jean Nouvel, Laurent Le Bon, Angelin Preljocaj, Pierre Bergé, Raymond Depardon et Jean-Jacques Aillagon ! Vous ne remarquez rien? Ah si : aucune femme n'est pressentie comme personnalité culturelle de l'année! C'est le quotidien Libération qui le note, dans un article du 6 décembre, à l'instar de l'association féministe La Barbe, laquelle appelle ce soir à un large rassemblement devant la Maison de Radio France pour « féliciter le service public » de son sexisme et célébrer «son viril lauréat 2010»...
Et le journal de se gausser également de cette nomination organisée dans le cadre d’une étude intitulée «la création artistique, levier d’innovation pour le développement durable?» Visiblement, en effet, « l'innovation culturelle » selon Radio France est avant tout le fait d'hommes proches des 60-70 ans !
Pour ma part, même si je ne veux pas tomber dans le jeunisme et si j'ai un profond respect pour le boulot de Depardon, je tombe un peu des nues aussi!
Du coup, j'ai essayé de décortiquer un peu...
Karl Lagarfeld ? Ben ouai, c'est vrai que cette année il a relooké une bouteille de coca light à son effigie... Si c'est pas de l'innovation culturelle ça? Et puis « light » attention! On est dans le milieu de la mode quand même !
Et Pierre Bergé? Ah... Pierre Bergé... Chez Pierre Bergé, le caviar est à la culture ce que la madeleine de Proust est à la littérature (2)... Même si, depuis qu'il a pris le contrôle du groupe avec Xavier Niel et Matthieu Pigasse, les journalistes du Monde, eux, se contenteront des œufs de lump...
Jean-Jacques Aillagon? Si ma mémoire est bonne, c'était le ministre de la Culture qui a suscité l'ire des intermittents du spectacle en 2003... ça mérite bien un petit satisfecit... J'avoue que pour 2010, je ne sais pas trop, à part qu'il est président du domaine de Versailles...
Pour les autres, je n'ai rien à rajouter, si ce n'est que l'architecte Nouvel, l'écrivain Houellebecq, le photographe Depardon, le chorégraphe Preljocaj et le directeur du centre Pompidou de Metz ont déjà fait leurs preuves... et que j'aurais aimé découvrir, avec ce prix, de nouveaux auteurs, plasticiens, compositeurs, comédiens et autres artistes prometteurs, parce que, pour moi, c'est ça aussi le rôle du service public...
D'ici là, comme je suis heureuse de chroniquer librement sur une radio associative plutôt que servilement sur une radio publique, je conclurais ma chronique aussi surréalistement que j'en ai envie avec une autre citation du king Cantona:
« When the seagulls... follow the trawler, it's because they think... sardines will be thrown in to the sea ». Thank you.

Zoé Busca

(1) Je n'ai pas dit non plus que Cantona était anticapitaliste... N'oublions pas qu'il a quand même gagné beaucoup d'argent en tournant des pubs pour Nike notamment... (d'ailleurs, aux dernières nouvelles, il n'aurait finalement rien retiré ce mardi!)

(2) On dirait un alexandrin, non?!

jeudi 2 décembre 2010

Revue de presse 30/11/10 - Vivement 2020?

Pour commencer, un peu de copinage, puisque je vous invite à la lecture du dernier numéro de nos camarades de La Brique, en kiosque depuis deux semaines. Ce n'est pas nouveau, je fais toujours plus ou moins allusion au journal « d'infos et d'enquêtes de Lille et d'ailleurs » à chacune de ses parutions. Mais cette semaine, j'avais envie de leur décerner une petite mention spéciale pour les efforts qu'ils ont fournis en terme de lisibilité! Bravo les Briqueux! J'ai réussi pour la première fois à lire votre canard sans loucher!
Fanzine or not fanzine, telle est souvent la question des publications indépendantes, mais là, je vous remercie d'avoir abandonné le montage à la machette... Machette qu'on préfèrerait réserver aux fafs nationalistes de la Maison Flamande à Lambersart – Vlaams Huis pour les intimes – auxquels vous consacrez un article édifiant. Intitulé « Une taupe chez les fachos », il s'agit de l'interview de Gaston, un jeune gars qui, de matchs de foot en matchs de foot, a fini par se faire introduire à la Maison Flamande. Un endroit qu'il décrit peuplé de poujadistes, royalistes, racistes, séparatistes flamands, hitléristes, et autres sympathiques terminaisons en iste... Derrière le discours officiel de défense du folklore flamand, on se doutait bien que la Maison Flamande était un repaire de l'extrême-droite xénophobe, mais cet article a le mérite d'éclairer de l'intérieur quelques détails – que M. Lepen qualifierait sans doute « de l'Histoire » -, comme la présence dans la bibliothèque de la Vlaams Huis de quatre exemplaires de Mein Kampf...
À lire également dans cette nouvelle Brique: un dossier sur l'aménagement du quartier Fives à Lille (avec la volonté affichée d'en chasser les plus pauvres), une interview de la rappeuse Casey ou encore le portrait d'un ancien SDF...

Sans transition aucune, je passe à l'environnement avec la conférence de Cancùn au Mexique, qui réunit jusqu'au 10 décembre 190 pays autour de la lutte contre le réchauffement climatique.
Après l'amère déception de Copenhague l'an dernier, l'association Greenpeace veut croire qu'on peut encore sauver le climat à Cancùn. Dans un communiqué du 26 novembre, l'ONG pose comme condition que chaque Etat commence par se défaire du principe selon lequel « il n'y a d'accord sur rien, tant qu'il n'y a pas d'axcord sur tout » (pour mémoire, c'est un peu ce qui s'est passé à Copenhague). D'autre part, Greenpeace invite les pays participants à ne plus attendre après les étasuniens toujours à la traîne pour prendre les rennes d'un processus international ambitieux. Enfin, l'ONG note des évolutions encourageantes du côté des pays émergents: la Chine devenant chef de file des technologies vertes, le Brésil en avance sur ses objectifs de réduction de la déforestation, des politiques énergétiques ambitieuses en Inde...
Toutefois, ces beaux espoirs semblent encore bien dérisoires... Rien que la comparaison des chiffres entre les conférences de Copenhague et de Cancùn montre le peu de cas que font aujourd'hui les Etats de cette question primordiale. Le magazine Terra éco nous liste ainsi: 126 chefs d'Etat à Copenhague pour 20 attendus à Cancùn, 10 500 délégués à Copenhague pour 6 000 attendus à Cancùn, 20 000 membres d'ONG accrédités à Copenhague pour 6 000 attendus à Cancùn...
Dans une analyse publiée sur Médiapart, Jade Lingaard, quant à elle, nous donne une vision pour le moins pessimiste des négociations internationales. Déjà, la victoire des Républicains aux élections de mi-mandat aux états-Unis occulte désormais toute perspective d'une loi carbone dans le pays d'ici la fin du mandat d'Obama. Quant aux pays d'Amérique du sud, ils refusent de signer les accords de Copenhague... Au-delà, c'est un échec mondial plus général que constate l'auteure: si tous les pays respectaient leurs engagements de Copenhague (ce qui est déjà peu probable), il y aurait encore 5 milliards de tonnes d'équivalent CO2 de trop dans l'air! Alors que le réchauffement doit être impérativement limité à 2°C d'ici 2020 pour éviter des bouleversements irréversibles, on s'oriente plutôt vers les 3°C...
ça vous fait peur? Tant mieux! Vous réfléchirez peut-être à deux fois avant de commander un 4X4 à Noël!
Et puis, comme j'ai décidé de vous saper le moral aujourd'hui, je voudrais à présent me recueillir à la mémoire de futur feu Le Thon Rouge... Ainsi, à l'issue de la réunion de l'ICAT (commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique), le quota de pêche au thon rouge a été porté – à la grande joie des thoniers industriels - à 12 900 tonnes pour 2011, un « résultat déplorable » pour Greenpeace, dans la mesure où ce chiffre ne laisse au stock que 30% de chance de se reconstituer d'ici 2020.
Décidément, tant que l'économie capitaliste réfléchira à court terme, d'ici 2020, le climat et les poissons ont bien du sushi à se faire!