jeudi 2 décembre 2010

Revue de presse 30/11/10 - Vivement 2020?

Pour commencer, un peu de copinage, puisque je vous invite à la lecture du dernier numéro de nos camarades de La Brique, en kiosque depuis deux semaines. Ce n'est pas nouveau, je fais toujours plus ou moins allusion au journal « d'infos et d'enquêtes de Lille et d'ailleurs » à chacune de ses parutions. Mais cette semaine, j'avais envie de leur décerner une petite mention spéciale pour les efforts qu'ils ont fournis en terme de lisibilité! Bravo les Briqueux! J'ai réussi pour la première fois à lire votre canard sans loucher!
Fanzine or not fanzine, telle est souvent la question des publications indépendantes, mais là, je vous remercie d'avoir abandonné le montage à la machette... Machette qu'on préfèrerait réserver aux fafs nationalistes de la Maison Flamande à Lambersart – Vlaams Huis pour les intimes – auxquels vous consacrez un article édifiant. Intitulé « Une taupe chez les fachos », il s'agit de l'interview de Gaston, un jeune gars qui, de matchs de foot en matchs de foot, a fini par se faire introduire à la Maison Flamande. Un endroit qu'il décrit peuplé de poujadistes, royalistes, racistes, séparatistes flamands, hitléristes, et autres sympathiques terminaisons en iste... Derrière le discours officiel de défense du folklore flamand, on se doutait bien que la Maison Flamande était un repaire de l'extrême-droite xénophobe, mais cet article a le mérite d'éclairer de l'intérieur quelques détails – que M. Lepen qualifierait sans doute « de l'Histoire » -, comme la présence dans la bibliothèque de la Vlaams Huis de quatre exemplaires de Mein Kampf...
À lire également dans cette nouvelle Brique: un dossier sur l'aménagement du quartier Fives à Lille (avec la volonté affichée d'en chasser les plus pauvres), une interview de la rappeuse Casey ou encore le portrait d'un ancien SDF...

Sans transition aucune, je passe à l'environnement avec la conférence de Cancùn au Mexique, qui réunit jusqu'au 10 décembre 190 pays autour de la lutte contre le réchauffement climatique.
Après l'amère déception de Copenhague l'an dernier, l'association Greenpeace veut croire qu'on peut encore sauver le climat à Cancùn. Dans un communiqué du 26 novembre, l'ONG pose comme condition que chaque Etat commence par se défaire du principe selon lequel « il n'y a d'accord sur rien, tant qu'il n'y a pas d'axcord sur tout » (pour mémoire, c'est un peu ce qui s'est passé à Copenhague). D'autre part, Greenpeace invite les pays participants à ne plus attendre après les étasuniens toujours à la traîne pour prendre les rennes d'un processus international ambitieux. Enfin, l'ONG note des évolutions encourageantes du côté des pays émergents: la Chine devenant chef de file des technologies vertes, le Brésil en avance sur ses objectifs de réduction de la déforestation, des politiques énergétiques ambitieuses en Inde...
Toutefois, ces beaux espoirs semblent encore bien dérisoires... Rien que la comparaison des chiffres entre les conférences de Copenhague et de Cancùn montre le peu de cas que font aujourd'hui les Etats de cette question primordiale. Le magazine Terra éco nous liste ainsi: 126 chefs d'Etat à Copenhague pour 20 attendus à Cancùn, 10 500 délégués à Copenhague pour 6 000 attendus à Cancùn, 20 000 membres d'ONG accrédités à Copenhague pour 6 000 attendus à Cancùn...
Dans une analyse publiée sur Médiapart, Jade Lingaard, quant à elle, nous donne une vision pour le moins pessimiste des négociations internationales. Déjà, la victoire des Républicains aux élections de mi-mandat aux états-Unis occulte désormais toute perspective d'une loi carbone dans le pays d'ici la fin du mandat d'Obama. Quant aux pays d'Amérique du sud, ils refusent de signer les accords de Copenhague... Au-delà, c'est un échec mondial plus général que constate l'auteure: si tous les pays respectaient leurs engagements de Copenhague (ce qui est déjà peu probable), il y aurait encore 5 milliards de tonnes d'équivalent CO2 de trop dans l'air! Alors que le réchauffement doit être impérativement limité à 2°C d'ici 2020 pour éviter des bouleversements irréversibles, on s'oriente plutôt vers les 3°C...
ça vous fait peur? Tant mieux! Vous réfléchirez peut-être à deux fois avant de commander un 4X4 à Noël!
Et puis, comme j'ai décidé de vous saper le moral aujourd'hui, je voudrais à présent me recueillir à la mémoire de futur feu Le Thon Rouge... Ainsi, à l'issue de la réunion de l'ICAT (commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique), le quota de pêche au thon rouge a été porté – à la grande joie des thoniers industriels - à 12 900 tonnes pour 2011, un « résultat déplorable » pour Greenpeace, dans la mesure où ce chiffre ne laisse au stock que 30% de chance de se reconstituer d'ici 2020.
Décidément, tant que l'économie capitaliste réfléchira à court terme, d'ici 2020, le climat et les poissons ont bien du sushi à se faire!