mercredi 13 octobre 2010

Revue de presse 12/10/10 - Bonnes nouvelles


« Éric Woerth, si tu savais, ta réforme, ta réforme, Éric Woerth, si tu savais, ta réforme où on s'la met... » Oh et puis merde, non, pas de sujets polémiques aujourd'hui ! D'ailleurs, ce 12 octobre, je ne suis même pas allée à la manif'... Non que j'aie changé d'avis sur la question, ni que je veuille renvoyer mes grands-parents au turbin, ni même que je ne soutienne pas les grèves reconductibles (d'ailleurs, si j'en avais, moi, du boulot, je la ferais avec plaisir cette grève reconductible!), mais tout ça pour qu'on nous dise encore, après quatre énormes cortèges en un mois, que nous n'étions que 900 000 au lieu de 3,5 millions... À quoi bon ?
Pas de sujet polémique donc ? Mais de quoi vais-je parler alors ? Ben de bonnes nouvelles, tiens! Ça nous changera un peu...

Pour commencer, il paraît que quelque 80 députés UMP réclameraient la suppression du bouclier fiscal. Youpi ! Pardon ? J'ai parlé trop vite... Le site Mediapart dans son édition du 7 octobre nous signale que les 80 députés en question réclament la suppression du bouclier fiscal... ET de l'impôt sur la fortune! « Alors que tout le pays est en colère contre les plans d'austérité imposés aux salariés, jusqu'aux plus modestes, un nouveau et colossal cadeau fiscal est en gestation pour les plus riches », dénonce le quotidien, qui nous renvoie à un communiqué du Syndicat national unifié des impôts montrant que la suppression du bouclier fiscal ferait perdre aux contribuables les plus riches un cadeau de 679 millions d'euros (évaluation 2010), mais que la suppression de l'ISF leur ferait gagner... 3,4 milliards d'euros!
Bon ben c'était pas une bonne nouvelle finalement...

Désolée... Je vais faire un effort alors... et revenir sur l'attribution du prix Nobel de la paix avec un autre article de Mediapart intitulé « Qui connait Liu Xiaobo? ». Réalisé le jour de l'attribution devant le domicile du dissident chinois emprisonné (domicile où sa femme est depuis assignée à résidence), le reportage montre que peu de citoyens chinois connaissaient déjà Liu Xiaobo, encore moins ses revendications pour un véritable État de droit. Cela dit, cette attribution est quand même un signe fort de la communauté internationale, un tant soit peu porteur d'espoir. « Je pense que Liu Xiaobo va devenir un héros pour les Chinois et que sa peine sera réduite ou qu'au moins ses conditions carcérales vont être améliorées», confie ainsi le professeur d'économie Xia Yelong. Pour Mo Shaoping, son avocat, « donner le prix à Liu Xiaobo signifie que la communauté internationale mais aussi l'institution du prix Nobel reconnaissent et valident les théories de Liu Xiaobo en faveur des réformes. Car, rappelons-le, Liu Xiaobo demande qu'on utilise la paix, la raison et la non-violence pour parvenir à un Etat de droit, un Etat démocratique. Il y a évidemment différentes opinions sur la manière d'accomplir cette transition politique. Certaines personnes pensent à la violence. Pas Liu Xiaobo.»

Plus localement, la sénatrice Verte Marie-Christine Blandin est heureuse de nous annoncer l'annulation le 7 octobre de l'autorisation de construction de l'incinérateur Flamoval par le tribunal administratif de Lille. L'information, publiée par LibéLille, n'est pas encore officielle, mais le recommandé serait déjà parti du tribunal. Prévu à Arques, près de Saint-Omer, l'incinérateur, qui doit brûler 92 500 tonnes de déchets chaque année, est décrié par de nombreux riverains, des écologistes qui dénoncent des émissions considérables de gaz à effet de serre, des médecins qui incriminent les pollutions à la dioxine, mais aussi les agriculteurs et même les légumes Bonduelle. Si le tribunal annulait la construction de l'incinérateur, ce serait un coup de tonnerre pour le secteur, et une victoire inespérée pour les opposants, car le chantier a déjà avancé.

Bonne nouvelle aussi, relevée par Didier Porte (pardon, j'avais complétement oublié de vous signaler que notre bien-aimé humoriste licencié de France Inter sévissait désormais tous les lundis sur Médiapart) : cela fait deux semaines (en fait trois maintenant, puisque c'était sa chronique de la semaine dernière) que la France n'a pas subi d'attentats terroristes, alors que tous les voyants étaient au rouge... Preuve s'il en est que notre cher ministre de l'Intérieur fait bien son boulot!

Ceux qui font bien leur boulot aussi, ce sont les journalistes de Politis, qui nous proposent ce mois-ci un excellent hors série pour « Changer de société », qui promeut l'économie sociale et solidaire, l'éloge de la lenteur, la simplicité volontaire, l'engagement collectif, l'idée d'un richesse-bien-être au dépens d'une richesse-PIB, etc.
Ce hors-série de Politis fourmille d'exemples d'initiatives « qui marchent », avec notamment celle de la commune de Grigny dans le Rhône, dont le maire, René Balme, du Parti de gauche, mène des politiques ambitieuses en matière d'écologie et de social. Son projet phare : instaurer une cantine scolaire gratuite avec des produits bio et locaux. Inepties ? Question de point de vue... Personne ne songerait à remettre en cause la gratuité de services municipaux comme la voirie ou l'éclairage public, alors, « est-il normal dès lors, de devoir payer pour satisfaire un besoin vital, s'alimenter? » s'interroge l'élu.
D'accord, mais comment on finance un truc pareil? La municipalité, en partenariat avec des groupes de travail participatifs, réfléchit à des mesures d'économies sur d'autres fronts, telle la limitation de l'éclairage public de 22h à 6h du matin, une mesure qui pourrait générer 90 000 euros d'économies ou encore la question sensible du stationnement payant. Pour l'heure, le principal problème pour Grigny réside surtout dans le manque de fournisseurs bio à proximité, d'où l'idée de favoriser l'installation de nouveaux agriculteurs sur des friches municipales... Comme quoi on peut concilier social et environnement !
J'ai un petit faible aussi pour l'interview du directeur des éditions pour enfants « Rue du monde », inventeur du slogan « Travailler plus pour lire plus »! Et bien sûr, mon article préféré, très sérieusement intitulé « Jetez vos réveils ! » qui préconise des journées de travail idylliques : lever en douceur, matinée ponctuée de trois pauses de dix minutes et sieste après le repas pour un équilibre biologique sain! Et ce sont des chercheurs en chronobiologie qui le disent !
Pour finir sur cette bonne nouvelle, je reprendrai donc une citation de Patrick Font, « le seul slogan qui soit véritablement révolutionnaire » : « alors, ça vient les croissants ? »