vendredi 18 février 2011

Revue de presse 15/02/11 - Vies de merde

Aujourd'hui, spécialement pour vous, Babelliens et Babelliennes, j'ai décidé d'intituler ma revue de presse « Vies de merde »...

Il y a quelques temps, en effet, j'ai découvert le site viedemerde.fr et ce fut comme une révélation !
J'avais enfin trouvé le moyen le plus catharsique qui soit de se consoler de sa propre vie de merde : se gausser de celle des autres ! Et ça fait un bien fou !

Le principe est simple : tout internaute peut poster en ligne une anecdote vécue ou fictive, en respectant trois règles de base : le texte doit commencer par « aujourd'hui », ne pas dépasser quelques lignes et finir par la formule rituelle « vie de merde »!

Je vous donne un exemple tout frais pêché ce matin sur le site :
« Aujourd'hui, je suis infirmière et un patient se plaint d'une légère blessure au doigt. Pour plaisanter, je lui lance : "Oh, mais il va falloir amputer !" Je reste persuadée que, s'il n'avait pas déjà eu une jambe en moins, il aurait ri. VDM »

Allez, et puis un autre petit pour la route :
"Aujourd'hui, comme d'habitude, quand je ris, je pète. Aujourd'hui, c'est mon gynéco qui m'a fait rire. VDM »

Pour ma part, vous l'aurez compris, si j'ai passé une heure ce matin sur viedemerde.fr, c'était justement pour me consoler de ma propre poisse...
Je vous la fais courte (c'est la règle!) :
« Aujourd'hui, je suis journaliste à Pôle Emploi (disons pour me rassurer que je fais un reportage en immersion depuis plusieurs mois, sorte de remake d'une rubrique « j'ai testé pour vous : la vie de demandeuse d'emploi »)...
Bref, afin d'élargir mes compétences professionnelles et ainsi augmenter mes opportunités d'embauche et ainsi participer moi aussi à la croissance nationale, je demande à faire une formation en graphisme. « C'est une très bonne idée ! » me dit ma conseillère, « d'ailleurs, la Région finance justement une formation de trois mois commençant le 21 février. »
Je démissionne donc de mon boulot alimentaire de serveuse, me rendant ainsi disponible pour cette nouvelle étape de mon « Parcours personnalisé d'accès à l'emploi »... Manque de bol ! Personne n'avait encore pensé à m'informer de l'entretien préalable une semaine avant le début des cours pour acter ma candidature... entretien au cours duquel j'apprends que je suis (dixit) « trop diplômée » pour cette formation réservée aux (toujours dixit) chômeurs « moins qualifiés »... Ben merde! Ma maman m'avait pourtant bien dit qu'il fallait aller à l'école pour trouver un boulot...
Pôle Emploi... Plus merde la vie ! »

Allez, j'arrête de me plaindre, après tout, il y a largement pire comme situation...
Dans le genre « vie de merde » par exemple, le journal Charlie hebdo de cette semaine nous raconte la triste histoire d'Aldina, jeune capverdienne sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français. Depuis son interpellation le 27 janvier, Aldina était enfermée en centre de rétention, séparée de sa fillette de deux ans, Jessica, laquelle souffre de fréquentes et violentes crises d'asthme nécessitant un suivi hospitalier...
Alors qu'Aldina fait appel de son maintien en rétention le 2 février dernier, la juge lui assène cruellement un « inutile de pleurer, vous n'influencerez pas la cour ! »...
Heureusement, aux dernières nouvelles, selon le site du Réseau éducation sans frontières, la jeune femme aurait été libérée la semaine dernière.
Cela n'en demeure pas moins un bel exemple de cette « vie de merde » que la France impose aux étrangers non désirés...

Je reste sur la même thématique, avec un autre exemple de « vie de merde », glané dans Politis cette fois-ci.
Alors que la loi sur l’immigration arrive au Sénat, l'hebdomadaire relaie cette semaine, en effet, l'appel de plusieurs associations de solidarité à défendre le droit au séjour pour raisons médicales.
En guise d'introduction, la journaliste Noëlle Guillon évoque le cas de Gnima Solly, Sénégalaise arrivée en France en 2001 et souffrant de diabète. Depuis 2006, le renouvellement de son titre de séjour lui étant refusé, Madame Solly ne peut plus accéder à la couverture médicale universelle.
« Au Sénégal, les médicaments existent, mais je n’y ai pas accès. Si je ne reste pas en France, c’est la mort assurée », explique-t-elle au magazine. Officiellement, Madame Solly devrait pourtant pouvoir bénéficier au droit de séjour pour raisons médicales.
Mais, c'est sans compter l'arbitraire des préfectures limitant l'accès à un droit, de toute façon en passe d'être remis en cause... En effet, en remplaçant la notion « d'accès effectif » aux soins dans le pays d'origine par celle de la « disponibilité » des soins, le texte de loi actuellement débattu au Sénat compromet dangereusement l'accès aux soins des étrangers. « La majorité des traitements existent dans la soixantaine de pays où nous sommes présents, témoigne ainsi Olivier Bernard, président de Médecins du monde. Mais pour qui sont-ils réellement “disponibles”? Parfois, pas plus de 5% de la population n’y a accès. »
En résumé, les 95% restants devront bientôt se contenter de poster bien vite leurs malheurs sur viedemerde.fr avant leur prochaine crise d'hypoglycémie...
Quant à moi, je vous dis à la semaine prochaine pour un nouvel épisode de Plus belle la vie!

ZB