jeudi 25 novembre 2010

Chronique ciné 23/11/10 - "No et moi"


C’est l’histoire d’une adolescente parisienne surdouée qui a un exposé à faire au lycée. Elle choisit alors de s’intéresser à Nora, qui préfère qu’on l’appelle No, une jeune SDF de 19 ans. C’est là que commence une histoire d’amitié entre les deux jeunes femmes, qui mêlera la famille, quand il y en a, et les amis .

No et moi est un film de Zabou Breitman qu’on a notamment connu pour je l’aimais, il y a deux ans bientôt, un film avec Daniel Auteuil. Et puis l’homme de sa vie, une comédie dramatique qui date de 2006. Se souvenir des belles choses était sa première expérience derrière la caméra. Zabou a commencé à jouer dans des films au départ grâce à son père dès les années 1980. On l’a surtout vue dans des comédies et des drames à la française le plus souvent. No et moi, notre film d’aujourd’hui est donc le quatrième long-métrage qu’elle réalise. Elle y incarne le rôle de la mère dépressive.

Cette semaine j’ai choisi de ne pas vous donner mon avis sur le film, mais de me pencher sur des articles et revues de presse, pour voir ce qu’on en dit de No et moi.

C’est pas moi qui le dis, mais le site où l’on trouve des critiques de films sur Internet Critikat.com. L’exercice que fait Zabou Breitman dans ce film, à retranscrire la situation de SDF à Paris a échoué, non pas parce que le sujet est mal choisi, bien au contraire. Mais parce que la réalisatrice l’aurait trop rendu scolaire avec ses séquences un peu trop découpées… C’est vrai que dans le film il y a parfois des chutes dans les choix de mise en scène, qui laissent penser que l’auteure ne maitrise pas encore tout à fait la machine !

C’est le quotidien le parisien qui bat les records en mentionnant que ce film est « pas-sion-nant », dans les espèces de labels ou étoiles qu’on trouve maintenant sur les affiches et magazines, pour certifier les qualités d’un film. A la sortie de No et moi, dans un article du parisien, on site les qualités du film. Au moment où le critique Pierre Vavasseur parle du roman de Delphine de Vigan dont le film a été adapté, il en profite pour dire que le plus du film par rapport au roman c’est la « pure réussite portée par un remarquable éventail d’acteurs ». Sans vouloir décevoir les spectateurs qui comptent aller voir No et moi, ne vous attendez pas à la meilleure performance que vous n’ayez jamais vue. Avec des blancs dans les dialogues, ou des répliques tournée un peu trop vite fait dans des moments clés de l’histoire du film, je me suis personnellement retrouvée devant un jeu décevant. C’est comme si Zabou Breitman ne savait pas quoi faire de ses acteurs à tel ou tel moment. Passons !

Selon 20 minutes, « Par-delà la chronique sociale, la cinéaste livre une réflexion sur l'amour maternel et la solidarité. » Non, sérieux, on en voit de l’amour maternel ! Avec une mère dépressive incarnée par Zabou Breitman elle-même, qui passe ses journées devant la télé à regarder des documentaires sur les poissons multicolores, on le ressent cet amour envers sa fille qui a besoin de son soutien. En ce qui concerne la solidarité, c’est vrai que le film porte sur une petite bourgeoise parisienne qui a envie d’attirer l’attention sur elle en faisant quelque chose de différent. S’intéresser à une SDF lui a permis aussi d’attirer l’attention de Lucas, le garçon dont elle est amoureuse, qui sera porté par l’initiative et ira jusqu’à la loger chez lui. Parce que lui, bien qu’il n’a que 14 ou 15 ans, il vit seul dans un appartement parisien d’au moins 200m2 à lui tout seul ! enfin bref. Mais en parlant de chronique sociale, Breitman disait dans une interview accordée à 20 minutes, et je ne fais que paraphraser son propos : elle estime que son travail est fait si le spectateur, sorti de salle après avoir vu son film, sourit à un SDF en en voyant. C’est sûr que je vais lui sourire si on m’a appris dans le film qu’un SDF sera toujours aussi perdu que mal éduqué, même si on lui donne l’aide dont il a besoin !

Je ne vous en parle pas pour dire du mal du film mais… Zabou Breitman confie dans son interview donnée à la Voix du Nord que pour elle il y a deux trucs fabuleux dans la vie : « voir des films et faire la cuisine ». Et bien peut-être qu’elle a confondu les des deux ?!Hein Zabou, non, il ne faut plus regarder des films en faisant la cuisine !

Roukaya Ben Fraj

mercredi 17 novembre 2010

Revue de presse 16/11/10 - Tout va changer !

Youpi, ça y est! Après deux mois de mouvements sociaux, la révolution est en marche!!! Tout va enfin changer! C'est même pas moi qui le dis, c'est notre subversive bien aimée et toujours ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, Christine Lagarde! En effet, depuis lundi nous voilà, dixit la Passionara de Bercy, dotés d'un gouvernement « totalement révolutionnaire »!
Parmi les mesures trotsko-léninistes, que dis-je, quasiment guevaristes, de ce remaniement ministériel, je relève notamment avec stupeur le choix particulièrement osé du nouveau Premier Ministre! Viva el gérillero Fillon!! Quelle marque de courage également que cette reconduite aux mêmes postes de l'ultra-gaucho Hortefeux, des ultra-pédago Valérie Pécresse et Luc Chatel ou de l'ultra-écolo Bruno Le Maire... (ministre de la pêche, grand défenseur du thon rouge s'il en est!)
Tout va changer vous dis-je... Rendez-vous compte, il y a même des ministres qui ont changé de porte-feuille! Non, non, sans blague! Roselyne Bachelot, Morano, Michel Alliot-Marie, Eric Besson, Michel Mercier et autres Laurent Wauquiez... Tous des Rosa Luxembourg du nouveau gouvernement!
Bon d'accord, on perd quelques-uns de nos préférés comme l'incorruptible Eric Woerth, et les amis de la diversité que sont Devedjian, Daubresse et Estrosi... Mais c'est pour retrouver d'autres grands révolutionnaires comme Alain Juppé à la Défense et Xavier Bertrand au Travail! Sans compter le nec plus ultra-gaucho Thierry Mariani aux Transports, celui-là même qui préconisait des tests ADN aux candidats à l'immigration...

Enfin, le meilleur pour la fin, juché en haut des barricades, le poing fièrement dressé vers le ciel, voici enfin parvenu au gouvernement le beau, l'unique, le grand, le joliment coiffé, Frédéric Lefebvre au Commerce, à l'Artisanat, aux PME, au Tourisme, aux Services, aux Professions libérales et à la Consommation (rien que ça!)...
Avec celui-là, on a encore tiré un bon p'tit numéro. Aux fanatiques des remakes, je ne peux ainsi que conseiller un article du Monde du 15 novembre, qui nous rappelle par le menu quelques-unes des plus mémorables « lefebvreries » de ces trois dernières années.
On a par exemple le Frédéric Lefebvre à la pointe des nouvelles technologies: "L'absence de régulation du Net provoque chaque jour des victimes ! Combien faudra-t-il de jeunes filles violées pour que les autorités réagissent ? Combien faudra-t-il de morts suite à l'absorption de faux médicaments ? Combien faudra-t-il d'adolescents manipulés ? Combien faudra-t-il de bombes artisanales explosant aux quatre coins du monde ?"
ou encore le Frédéric Lefebvre résistant: "Ceux qui confondent délation et dénonciation, je les invite à regarder le dictionnaire. […] Si la délation est condamnable car se faisant au détriment de gens honnêtes, la dénonciation est un devoir républicain prévu dans la loi et permettant de lutter contre les délinquants"
Le Frédéric Lefebvre Pourfendeur : "Vous avez raison de soulever la question des étrangers, c'est un problème majeur dans notre pays […]. La délinquance, chacun sait qu'il y a des liens avec l'immigration, c'est souvent pas correct de le dire, mais chacun le sait."
Le Frédéric Lefebvre Médecin: Quelques semaines après avoir dû retirer son amendement visant à rendre possible le travail des salariés pendant les arrêts-maladie, la "boîte à idées" de l'UMP revient à la charge : "Il y a beaucoup de Français, y compris en longue maladie, qui ont besoin du travail pour guérir"

Question environnement aussi, tout va changer puisque revoilà NKM au ministère de l'écologie! Sans ironie, je me réjouirais plutôt du retour de cette spécialiste du dossier, sauf que son porte-feuille ministériel semble s'être vidé de quelques billets verts... Le Ministère perd ainsi la compétence de l'énergie qui passe aux mains de l'économie. Selon Anne Bringault des Amis de la Terre, citée par le Libération du 15 novembre, «la reprise en main de ce secteur par Bercy laisse présager une relance décomplexée de la production avec davantage de nucléaire et d’énergies fossiles, satisfaisant de grands lobbies aux dépends de l’intérêt des citoyens». Dans l’élan du Pacte écologique de Hulot et du Grenelle, la création de ce portefeuille géant était censé montrer le caractère prioritaire et transversal de l’environnement. D’où l’amertume des associations de l’environnement. «Que l’énergie échappe à l’Ecologie pour rejoindre le giron de Bercy est très inquiétant concernant la capacité de la France à tenir ses objectifs de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre et de développement des renouvelables», a réagi Pascal Husting, président de Greenpeace France.
Selon le quotidien, les associations s'inquiètent aussi de la disparition de la Mer de l’intitulé du ministère.
Dans ce même article, « Ce que révèlent les intitulés des ministères », le quotidien décortique également la suppression du ministère de l'identité nationale, rattaché à l’Intérieur d’Hortefeux. Plusieurs associations soupçonnent ainsi un trompe-l'œil avec un ministère «simplement rebaptisé», selon le Cran (association noires).
Mais ne nous y trompons pas, tous ces changements gouvernementaux n'en restent pas moins « révolutionnaires »...

Zoé Busca

mardi 9 novembre 2010

Revue de presse 09/11/10 - J'ai mal aux médias

Ouille, aïe! Oh là là... Mais qu'est-ce que j'ai mal aux médias aujourd'hui!
Peut-être parce que le Canard enchaîné de la semaine dernière c'était la révélation de trop qui fait déborder le kiosque à journaux... Dans un article intitulé « Sarko supervise l'espionnage des journalistes », l'hebdomadaire nous apprend en effet que le chef de l'État commanditerait personnellement la surveillance rapprochée de tout journaliste se livrant à une enquête gênante pour lui ou les siens. Selon des collaborateurs anonymes de Bernard Squarcini, le patron de la Direction Centrale du Renseignement Intérieur, un groupe composé d'anciens RG, aurait même été monté spécifiquement à cet effet. Leur mission prioritaire: déterminer les informateurs des dangereux scribouillards... pour cela, nous dit le Canard, « ces braves gens se procurent les factures détaillées du poste fixe et du portable du journaliste à espionner. » Ce qui signifie également la complicité douteuse des opérateurs de téléphonie...
Certes, ces informations sont anonymes, il n'empêche qu'elles tombent à point pour souligner le climat délétère sévissant actuellement au sein de la presse française.
Après l'affaire des écoutes illégales du Monde, le mois d'octobre a ainsi été marqué par les surprenants cambriolages des bureaux et domiciles de plusieurs journalistes en charge de l'affaire Bettencourt au Monde, au Point et à Médiapart, avec notamment la disparition d'un disque dur contenant toutes les archives du site Médiapart ainsi que les deux CD-Roms de leurs enregistrements de l'ancien majordome de Liliane Bettencourt.
Et que répond Nicolas Sarkozy, interrogé le 29 octobre à Bruxelles à propos de cette triple coïncidence? « Je ne vois pas en quoi cela me concerne ».
Incroyable! Non seulement, il se fiche comme de sa première Rolex d'être le garant de la liberté d'information en France, mais en plus, il ne se donne même pas la peine de démentir sa possible implication dans ces violations du secrets des sources! Et il y en a encore qui s'offusquent que Sarkozy n'ait pas abordé la question des droits de l'homme et du prix Nobel de la paix avec le président chinois Hu Jintao? Encore heureux! Il aurait pu lui demander des conseils sur la répression des médias!
Pourtant, le 4 janvier dernier, une loi a été votée, sous l'impulsion du même Sarkozy, pour garantir au mieux la protection des sources des journalistes, sauf dans le cas d’«impératif prépondérant d’intérêt public». Or, selon Christophe Bigot, avocat et spécialiste dans le droit des médias, interrogé le 27 octobre par Libération, cette exception ne devait s'appliquer que pour les affaires de terrorisme ou quand la santé des personnes était en jeu. Remarquez, c'est vrai que ce que contiennent les ordinateurs de Médiapart, du Point et du Monde sur l'affaire Bettencourt fait l'effet d'une bombe sur la clique présidentielle... et j'espère bien que ça nuit un peu à leur santé politique!
La conséquence perverse de cet espionnage d'État, selon Christophe Bigot, c'est qu'il dissuade les informateurs des journalistes de témoigner : « sans secret des sources, pas de source. Et sans source, pas d’information. Aujourd’hui, toute personne s’adressant à un journaliste qui traite de l’affaire Bettencourt se dit que son numéro peut se retrouver dans une fadette qui atterrira sur le bureau d’un juge… On coupe le robinet à informations. »
Enfin, tout cela ne concerne que les vilains petits canards... Heureusement, qu'on a toujours les bons petits soldats du journalisme au service de l'Élysée!
C'est le Canard enchaîné encore une fois, qui s'étonne : « C'est tout de même curieux, cette manière de vouloir mal faire à tout prix chez nos patrons de l'audiovisuel public. Non seulement, depuis qu'ils sont nommés par le locataire de l'Elysée, le soupçon pèse sur la moindre de leur décision. Mais en plus, ils font exactement ce qu'il faut pour le renforcer chaque fois qu'ils en prennent une »
L'hebdo satirique revient ainsi sur le choix de Rémi Pfimlin d'un nouveau chef du service politique à France 2 en prévision des élections de 2012 et d'un nouveau directeur des programmes à France 3. Le premier, Fabien Namias, a été débauché de chez Europe1, la radio de Lagardère, le « frère » du président, tandis que le second, Pierre Sled, est un ami de Frédéric Lefebvre et une des personnes consultées par Claude Guéant au moment de choisir le remplaçant de Carolis... « Au rendez-vous des bons copains, y'avait pas souvent de lapin... »
Le Canard nous rappelle également l'éviction expresse la semaine dernière du pourtant peu subversif humoriste Gérald Dahan, licencié par le Valesque patron d'Inter deux jours après une chronique dérangeante sur Michèle Alliot-Marie et Sarkozy. Mais là, pour ma part, je suis persuadée que ce jeu des chaises musicales des humoristes à France Inter est une manœuvre du gauchiste Philippe Val pour nous faire comprendre quelque chose. Après tout, l'ancien rédac' chef de Charlie est un grand partisan des caricatures, non? Comment? Vous croyez vraiment que c'est juste parce qu'il a retourné sa veste? A moins que ce ne soit son pantalon, comme qui dirait...
Dans la série « les comiques dans les médias »... J'en ai une bonne à vous raconter... Appelez ça « bidonnage » ou « bidouillage », au choix... L'histoire remonte à début octobre. C'est l'histoire d'un mec... il se dit journaliste. Un jour, il décide de faire un reportage pour le Point sur la polygamie en banlieue. Me demandez pas comment il a choisi le sujet, je vous répondrais que c'est dans la même lignée que « à poil sous le niqab » par exemple, ou « chômeur, drogué et consanguin au coeur du bassin minier », ou encore « femme-rom-qui-fait-la-manche-avec-un-enfant-drogué-dans-les-bars-et-que-le-mari-vient-chercher-en-Mercedes ».
Bref, son article s'intitule « Un mari, trois femmes » et il est basé sur le témoignage d'une femmes en question, Bintou, décrite comme «une jeune femme au joli visage légèrement scarifié de chaque côté des yeux», parlant «un français approximatif» et dont le fils aîné est délinquant juvénile. Sauf que... le journaliste n'a jamais rencontré Bintou! Et pour cause! Bintou, en fait, c'est Abdel, un jeune gars de banlieue qui refile des tuyaux aux journalistes. Lassé de tous les clichés sur la banlieue véhiculés par les médias, Abdel s'est filmé au téléphone avec le Point, se faisant passer pour une femme africaine. Publiée sur le site d'Arrêt sur images, la vidéo démontre le manque de fiabilité d'un journalisme-poubelle pétri de ses préjugés les plus détestables!
Mais ne vous méprenez pas, si je vous raconte tout ça, ce n'est pas pour vous dégouter des médias, bien au contraire! Si je consacre cette longue chronique au sujet, c'est parce qu'il est urgent selon moi que les citoyens se réapproprient ces précieux outils de démocratie que sont les journaux! A défaut de solutions toutes prêtes, je vous invite au moins à réfléchir à ces questions déontologiques avec le seul, unique et interminable article du dernier numéro du Tigre: « Pourquoi faire un journal? »
Et puis, je profite également de la sortie d'un nouveau numéro de la Brique pour citer un embryon de réponse de nos confrères: « Un média, comme son nom l’indique, est pour nous un moyen d’énoncer et de dénoncer ce qui se passe au delà de nos cercles restreints. Y arrive t-on ? La question reste ouverte et on ne s’estimera jamais satisfait-es. Mais si on avance à tâtons, on ne lâche rien, et on persiste à vouloir faire un outil parmi d’autres pour décrypter ce que les puissants s’acharnent à dissimuler. Rendre visible pour débattre, se rencontrer, volontiers critiquer, ou, pire, témérairement polémiquer. Et pourquoi pas, un jour, un soir, une après midi ou un matin, passer ensemble à autre chose. »